Dans le cadre des activités de «l'université pour tous», lancées par le Centre diocésain, Mourad Yellès, professeur en littérature maghrébine et comparée, a animé une conférence fort intéressante sur la notion du mythe dans la littérature et particulièrement dans le texte maghrébin. Dans le cadre de «l'université pour tous», un programme lancé par le Centre diocésain depuis le 5 mars qui se veut «un lieu de rencontre et d'échange des savoirs universitaires actuels en sciences humaines et sociales favorisant l'esprit critique et la réflexion», deux belles rencontres ont eu lieu cette semaine. Animées par Mourad Yellès, professeur des universités en littératures maghrébines et comparées à l'Inalco, ex enseignant des littératures française et francophones à l'université d'Alger, ces rencontres ont tourné autour de la notion de mythe dans la littérature et plus particulièrement dans le texte maghrébin. Devant un parterre hélas restreint, faute d'universités sensibilisées, d'universitaires intéressés, de médias concernés ou autres, il a été question de revenir sur ce mot "mythe" qui renvoie à deux adjectifs distincts, à savoir mythique et mythologique, et qui rappelle aussi d'autres notions telles que la légende ou le conte. Exercice difficile que de rapporter des propos qui rappellent les années d'université pour certains, des lectures de romans ou autres écrits pour d'autres. Mythos et Logos sont deux entités qui coexistent depuis l'époque de la Grèce "archaïque", avant son ère classique. Mythos est le fondement du logos qui en est le langage. L'un ne peut aller sans l'autre. Ils font l'harmonie entre le cœur et la raison, entre l'objectivité et la subjectivité. Il apparaît à travers les nombreuses études que le mythe a toujours une origine quelque part. Il a de tous temps existé, puisant sa source ça et là, traduisant des pratiques d'une communauté donnée, à une époque donnée. Il se manifeste dans diverses disciplines : musique, cinéma, peinture...Mais, c'est de la littérature dont il était question cette fois. Et il s'avère justement que "le mythe et la littérature entretiennent depuis des siècles des relations complexes et essentielles (...) Considérés du point de vue de la critique littéraire, les mythes représentent un pan considérable du domaine propre à la littérature comparée". Un tour d'horizon a d'abord permis de repositionner cette notion de mythe chez certains auteurs à l'approche anthropologique dont Durkheim, Mauss, Frazer, puis dans d'autres études plus élargies dues à Bachelard, Lévi-Strauss ou encore Roland Barthes notamment dans Mythologies et Le bruissement de la langue. Selon Mourad Yelles, il n'est pas question de parler de mythe sans parler des dessins rupestres du Tassili, de L'âne d'or ou des Métamorphoses d'Apulée de Madaure, de Psyché ; de L'Odyssée d'Homère, d'Ulysse, de Cupidon... de cette mythologie qui n'en finit pas d'être réincarnée jusque dans le texte maghrébin contemporain. L'orateur insiste pour parler de texte et non d'"œuvre", car il considère que chaque écrit trouve sa source dans un autre texte écrit par ailleurs par quelqu'un d'autre. Cette thématique abordée avec rigueur et démonstrations a permis aux présents de (re)découvrir des textes d'auteurs algériens tels Kateb Yacine, Tahar Ouettar, Abdelhamid Benhedouga, Habib Tangour, Wassini Laaredj, Rachid Boudjedra ou encore Salim Bachi et d'en extraire les différents mythes sous-jacents. Une manière de nous renvoyer à des (re)lectures en quête du mythe... fondateur ? Samira Bendris