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Les libertés en danger de mort Des défenseurs des droits de l'homme tirent la sonnette d'alarme sur l'état des libertés syndicales, l'indépendance de la justice et l'Etat des droits
Il faut, sans doute, un trésor d'imagination pour les tenants du pouvoir algérien pour convaincre nombre de défenseurs des droits de l'Homme et autres animateurs associatifs et de la société civile de la "bonne santé démocratique" du pays. Hier, ils étaient nombreux et unanimes, au siège du FFS à Alger, à l'occasion de la quatrième édition du forum des libertés organisé par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh) (aile Me Benissad), pour relever l'état de régression effarante des libertés dans le pays, notamment depuis l'avènement du régime de Bouteflika. "Depuis 2014, on n'a pas d'agrément. Aucune association qui active dans le registre des droits de l'Homme ne dispose d'agrément, à l'exception de celles qui caressent le pouvoir dans le sens du poil", a noté d'emblée dans son discours d'ouverture, le président de la Laddh, Me Nouredine Benissad. Selon lui, c'est à l'aune du débat sur la nouvelle loi sur les associations, dont il prédit qu'elle sera la première à atterrir au Parlement, qu'il conviendra de juger des intentions du pouvoir et de sa volonté à opter pour l'ouverture ou alors pour la fermeture et le maintien du statu quo. "Une société qui ne respecte ni les droits, ni les libertés n'ira pas loin. Il est temps qu'il y ait prise de conscience pour l'instauration d'un Etat de droits car sans liberté, la porte sera ouverte à l'expression de la violence", a-t-il mis en garde. Pour sa part, Salem Sadali, syndicaliste qui intervenait sur les "libertés syndicales et les perspectives du syndicalisme en Algérie", a observé "le recul effarant des libertés et des acquis sociaux". "Il faut qu'on se rende compte de la réalité. Si on veut faire bouger les lignes, on doit fédérer les forces et agir ensemble". Après avoir évoqué, dans un bref aperçu, l'histoire du syndicalisme en Algérie et les contraintes auxquelles sont confrontés les syndicats depuis les années 90, Salem Sadali s'est focalisé sur l'ensemble des artifices juridiques mis en place pour empêcher toute remise en cause du syndicat maison du régime, l'UGTA. "Le cadre juridique a été fait de telle sorte que les syndicats soient confinés dans les secteurs pour ne pas constituer un contrepoids à l'UGTA, sans compter la contrainte de la représentativité exigée par la loi, la machine judiciaire qui annihile le droit de grève et la culture de l'état d'urgence en cours chez les dirigeants". "Avant, c'était la répression, mais depuis 1999, il y a infiltration pour miner les organisations et les imploser". Loin de dissimuler son pessimisme, l'avocat et membre de la Laddh, Me Aïssa Rahmoune estime que le "tout sécuritaire empêche la société civile d'avancer". "On n'est plus dans la restriction des espaces, mais dans la confiscation", a-t-il dit dans son intervention sur la "liberté de rassemblement face à la confiscation de l'espace public". "La justice est devenue un appareil de répression. Aujourd'hui, on n'a pas de magistrats, mais des fonctionnaires au service du pouvoir", relève, de son côté, Me Nouredine Ahmine (Raddh, Réseau algérien des défenseures des droits de l'Homme). Karim Kebir