Le sursaut d'orgueil de l'équipe nationale de football, mercredi dernier, en match amical face au Burkina-Faso rompt avec une longue traversée du désert dont la première conséquence est l'élimination des verts du mondial 2006. En l'espace d'une année, (la dernière victoire des verts remonte au 30 janvier 2004 contre l'Egypte, CAN), les algériens ont grillé leurs cartes pour le Mondial et hypothéqué même leurs chances pour la CAN 2006, faisant planer la menace d'une humiliation “historique” dans la mesure où depuis la réforme sportive de la fin des années 1970, jamais les verts n'avaient raté le rendez-vous du gotha africain. Pour “sauver les meubles”, la fédération a fait appel à un homme, connaissant parfaitement la maison EN, en l'occurrence Ali Fergani, avec l'objectif d'éviter l'affront et surtout raviver l'espoir d'un avenir meilleur après que le Belge Robert Waseige eut enterré toute velléité de redressement. Fergani, en dépit d'un passif problématique eu égard au retard enregistré au classement général, accepte de relever le défi et promet même de faire tout “pour mener l'EN à bon port”, c'est-à-dire en Egypte. L'ancien capitaine de cette même sélection nationale, cet ancien architecte de profession, propose dès lors “son plan de sauvetage” sous le triptyque : rigueur, discipline et esprit de groupe. “Les joueurs délaissés par Waseige” reprennent goût au travail et l'ambiance à l'entraînement sied désormais à l'émulation de ces potentialités certaines que recèle l'EN. “Fergani est ferme et souple à la fois, c'est un technicien intransigeant qui sait parler aux joueurs”, soulignent la majorité des sélectionnés, choisis pour remettre le train des verts sur les rails. En terre rwandaise, les algériens arrachent un nul insuffisant, mais pas du tout insignifiant dans la mesure où il reste encore cinq matches à jouer dans une phase retour qui s'annonce époustouflante. Fergani table sur un maximum de réussite lors des trois prochaines sorties, c'est-à-dire deux victoires à domicile, face respectivement au Rwanda et au Zimbabwe, et, entre-temps, réaliser au moins le nul en Angola. Le pari est difficile mais pas impossible. Il faut y croire. Aujourd'hui, plus que jamais, car contre le Burkina-Faso — qui n'est certes pas un foudre de guerre —, les verts ont montré de “bonnes choses”, notamment sur le plan de l'organisation du jeu et surtout l'engagement des joueurs. Si, en effet, il faut parler déjà de l'effet Fergani, c'est surtout en raison de la capacité de l'homme de discipliner le jeu de son équipe et à transmettre sa rage de vaincre à ses poulains. Fergani n'aime pas les fioritures et les déchets dans le jeu ; et mercredi, il y n' en a eu point. Les algériens, sur une pelouse catastrophique et sous un éclairage lamentable, ont tenté de jouer juste sur fond d'un jeu collectif appréciable. Fergani aime la variété dans le jeu et la mobilité constante des joueurs. Mercredi, le boss les a inculqués à ses éléments qui ont fini par désarçonner leurs vis-à-vis. Fergani voulait à tout prix que son équipe réapprenne à gagner avant le jour J. Désormais, c'est chose faite ! Le coach, qui n'a certainement pas eu le temps nécessaire de tâter le terrain avant d'aller au charbon, s'accommode visiblement bien de la difficulté de la tâche. En s'attaquant à l'essentiel, il donne l'impression de savoir exactement où il va, ce qui n'était pas le cas de son prédécesseur. Avec lui, les verts ont renoué avec la victoire, avec la joie de jouer. Les supporters algériens dont la majorité a préféré suivre le match à la télé, puisque seuls quelque 3 000 fans étaient présents au 5-Juillets, ont de bonnes raisons d'espérer. Quel que soit le stade qui sera choisi pour accueillir le Rwanda, il faudra être beaucoup plus nombreux pour aider… Fergani. S. B.