"J'aimerais bien que M. Lamamra m'entende. Ses ambassades ne servent à rien. Ce n'est pas de la méchanceté. C'est un constat froid", a lancé, hier, le président de la Confédération générale des finances, Me Karim Mahmoudi, dans un entretien à la webradio, Radio M. "Nous avons des ambassades algériennes en Afrique qui ne servent absolument à rien. Qui ne soutiennent pas les hommes d'affaires", a insisté Me Karim Mahmoudi, relevant l'absence de l'Algérie de l'Afrique de l'Ouest. Le président de la Confédération générale des finances, qui, depuis sept ans, a orienté ses activités vers la promotion des relations économiques entre l'Algérie et l'Afrique, ne mâche pas ses mots. "L'Algérie est absente de Afrique de l'Ouest. Nous existons au Mali, au Niger, au Sénégal, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire. Mais nous sommes absents des autres pays", a-t-il déploré, soulignant l'urgence de doter nos ambassades de "véritables conseillers économiques" pour orienter les hommes d'affaires. Sur ce terrain, Karim Mahmoudi semble avoir pris une petite longueur d'avance. Il a annoncé avoir créé Algerian Holding Investment à Dakar, au Sénégal, et holding African Investment, en Algérie, qui auront pour mission d'assurer la représentation des compagnies algériennes dans les pays africains et d'accompagner les hommes d'affaires en matière d'expertise. "Nous avons déjà ouvert six antennes d'Algerian Holding Investment", a-t-il indiqué, estimant que l'Algérie a des atouts à faire valoir dans les secteurs des médicaments, dans l'électroménager, l'électronique, l'agroalimentaire et les produits pétroliers. Me Karim Mahmoudi, qui compte organiser, début juin, un colloque sur "Quelle géo-économie de l'Afrique à l'horizon 2050 ?", après avoir abordé la géo-économie pour le Maghreb, regrette l'avance pris par les Marocains "qui sont sur le terrain depuis plus de 30 ans". Le président de la Confédération générale des finances a dénombré 31 rotations sur l'Afrique pour Royal Air Maroc au moment où l'Algérie n'effectue que 11 rotations ne comptabilisant que l'Egypte et le Maghreb. Me Karim Mahmoudi a évoqué, également, ledit colloque "Quelle géo-économie maghrébine à l'horizon 2030 ?", organisé par l'association Maghreb+, qu'il préside, les 28 et 29 avril dernier. "Aujourd'hui, le Maghreb est une vue de l'esprit", a-t-il estimé, relevant qu'"on n'encourage pas les hommes d'affaires des deux grands pays à tisser des relations". Pourtant, a-t-il soutenu, "il y a énormément de choses à faire avec le Maroc". Me Mahmoudi reconnaît que "la situation politique est totalement bloquée", accusant la France de tout faire pour que "rien ne puisse se faire entre l'Algérie et le Maroc". Le président de l'association Maghreb+ est longuement revenu sur le refus par le ministre de l'Intérieur d'accuser réception du dépôt du dossier d'agrément de l'association, alors que la loi l'y oblige. "Dans la loi, il est écrit que le ministère doit accuser réception. Pour les clients du régime, ils le font systématiquement", relève Me Mahmoudi, se disant peiné de voir "les frères marocains" vouloir prendre le siège de l'association à Casablanca, où ils pourraient obtenir l'agrément au bout de 40 à 50 jours. "Je fais tout pour attirer l'attention des pouvoirs publics, qu'il est dans l'intérêt de l'Algérie d'avoir ce type d'ONG à Alger", a-t-il assuré, ajoutant que "dans le cas extrême", il sera obligé de la délocaliser à Casablanca ou à Bruxelles. "Nous n'avons pas d'autre choix", a-t-il regretté. Revenant sur la rencontre concernant la géo-économie pour l'Algérie à l'horizon 2020, le président de la Confédération générale des finances critique le budget, estimant que le gouvernement "abuse sur le sécuritaire". Il a fait remarquer que Le budget de l'armée pour cette année a atteint 16,5 milliards de dollars et celui du ministère de l'Intérieur avoisine 8,5 milliards de dollars. "On veut faire peur aux Algériens, à travers cette approche sécuritaire", a-t-il soutenu, estimant que l'Algérie aurait dû créer un fonds souverain et acheter "300 entreprises valables à l'échelle planétaire" et bénéficier d'un transfert de technologie. Meziane Rabhi