À chaque fin de saison son parfum de scandale et ses refrains d'outrage à l'éthique. La dernière journée de Ligue 2 qui a condamné l'US Chaouia à la relégation en division amateur a, ainsi, poussé le président Abdelmadjid Yahi à sortir l'artillerie lourde pour mitrailler "les hadji qui gèrent le football algérien" ! Docteur des coulisses qu'il est, Yahi sait parfaitement de quoi il parle. Lui qui se vantait il y a quelques années d'avoir été à la tête d'un véritable empire qui gérait parallèlement la FAF et décidait, à l'avance, des résultats des matches de championnat, le voilà pris à son propre piège ! Son ego surdimensionné l'avait même aveuglé au point de s'autoproclamer "empereur de l'Est", et "roi incontesté des coulisses", s'adjugeant le mérite du titre national acquis par l'US Chaouia en 1994 ainsi que la rétrogradation d'un bon nombre de clubs voisins mais ennemis ! Ces égarements passibles de sanctions exemplaires sous d'autres cieux plus regardants sur l'application des lois et le respect de l'éthique ne justifient assurément pas ce tragique et tellement risible dénouement du décisif CRB Aïn Fakroun – AS Khroub, mais cela rappelle étrangement le fameux effet boomerang si cher aux aborigènes. Il ne restait alors à Yahi, érigé en mauvais exemple que beaucoup de présidents de club imitent, qu'à appuyer continuellement sur la gâchette pour rendre la pareille à ceux qui savent tout ce qui se passe mais qui se murent dans un silence complice. "Il était impossible que la JSM Béjaïa rétrograde, car elle a Hammoum ! L'AS Khroub également s'appuie sur Zefzef et ses hommes qui agissent en coulisses ! Quant à Médéa, toute l'Algérie sait qu'elle a acheté tous ses matches et qu'elle vend désormais ses points au vu et au su de tout le monde ! Je me réfère à Dieu pour que nos responsables hadji payent pour leur crime, eux qui n'ont d'autre priorité que de composer une sélection nationale avec des joueurs importés de l'étranger !", tancera, à ce propos, le président de l'USC avec, en ligne de mire, Mohamed Raouraoua (président de la FAF), Khelil Hammoum (président de la CFA) et Djahid Zefzef (vice-président de la FAF). Rien que ça ! Aussi graves soient-elles, ces accusations risquent cependant d'être passées sous silence avant d'être victimes du temps qui passe et d'une actualité plus chargée, moins stressante et moins embarrassante pour nos responsables. D'autant plus, et ce n'est certainement pas les exemples qui manquent, que ces cris au vol résonnent tels des échos à chaque fin de saison sans pour autant que le parquet intervienne. Et même quand elle est saisie, la justice n'offre aucunement la garantie que ses décisions soient appliquées. Le président du CAB, Farid Nezzar, ou l'ancien entraîneur du MCO, Mohamed Henkouche, en savent quelque chose. Le gardien de l'USM Annaba avait beau révéler, preuves à l'appui, l'indécente proposition du président de l'US Biskra, cela ne changera rien au rituel de fin de saison fait du triptyque : marchandage-révélation-scandale étouffé. Même l'ex-international Samir Zaoui, pourtant témoin privilégié de l'inoubliable GCM-ASO qui avait permis à Chlef d'accéder au nez et à la barbe d'une USMBA spoliée de son droit, se l'est joué justicier démasqué en affirmant que les "coulisses avaient joué un rôle énorme cette saison en Ligue 2". R. B.