Soupçons Les déclarations fracassantes du président de la JS Kabylie, Mohand Chérif Hannachi, sont assez graves pour relancer le débat sur la corruption dans notre football. Le président Hannachi a encore remis ça, hier soir, sur les ondes de la Chaîne III à l?occasion de l?émission «Fous du foot» qu?anime Maâmar Djebbour, en réitérant ses accusations contre la personne de Medjiba en le traitant d?être le mal du football algérien et celui qui casse l?arbitrage depuis son retour aux affaires de ce corps névralgique. Les instances du football, que sont la FAF et la LNF, étaient injoignables durant la journée d?hier pour connaître leur avis sur cette question sensible, mais surtout sur les suites qu?elles comptent donner aux déclarations du chairman kabyle. Resteront-elles de marbre face à de tels propos à l?encontre d?un membre de la FAF et de surcroît le président de la Dtna lui-même désigné par le président Raouraoua en personne ? Pour certains initiés et autres observateurs au fait de ce qui se passe dans les coulisses du football algérien, la sortie de Hannachi, vendredi, suivie, quelques instants après, par celle du président de l?USM Alger, Saïd Allik, nageant à contre-courant de ce qu?a dit le président des Canaris, n?est, en fait, qu?un nouveau feuilleton des règlements de comptes entre les deux présidents. Deux clans s?affrontent en coulisses, l?un pro-Allik et l?autre pro-Hannachi, nous dit-on. Et si le président de la JSK est monté au créneau, c?est qu?il doit être au courant de certaines choses pas très claires au niveau de l?arbitrage, ce qui l?a poussé à réagir de la sorte. Il n?y a pas de fumée sans feu comme on dit et rien ne se fait au hasard. Pour Hannachi, Medjiba a saboté en dix mois tout le travail accompli par Lacarne pendant dix ans ! Hannachi aurait eu vent des v?ux de certains arbitres qui, en recevant les fax de désignations, reçoivent d?autres «instructions» sur la façon d?officier tel ou tel match, les joueurs à viser en matière de sanctions, etc. En plus, Hannachi n?est pas le seul à fustiger le président de la Dtna puisque d?autres acteurs le font, notamment le président Yahi de l?US Chaouia qui ne mâche pas ses mots depuis des mois concernant Medjiba. Si de l?extérieur aucun scandale n?est venu rompre le silence comme celui qui secoue l?Allemagne en ce moment ou d?autres pays (le fameux arbitre russe payé en manteaux de fourrure, l?affaire Marseille-Valenciennes, l?affaire du Totocalcio en Italie,?), à l?intérieur cela sent la pourriture sans toutefois savoir qui est responsable de quoi. Il faut des preuves, c?est ce qu?ont souvent déclaré les dirigeants du football. Or les preuves, chez nous, ce n?est pas aussi facile. Il y a eu quelques affaires, des accusations graves de la part des acteurs de la balle ronde, mais qui sont restées sans lendemain. On a même avancé des tarifs avec le penalty à 10 millions de centimes, le carton jaune à 5 millions et d?autres révélations du genre. Est-ce à dire que tout le football algérien est pourri ou du moins tout l?arbitrage ? Ce serait exagéré de prétendre et de généraliser tout cela, mais il est certain que la corruption existe dans notre football, dans le corps arbitral en particulier où tout se fait de manière discrète et subtile pour ne laisser ni traces ni preuves, juste des soupçons, voire des témoignages sans fondement. - Le président Hannachi a dit tout haut ce que d?autres pensent tout bas. «Je n?ai jamais dit que tous les arbitres étaient corrompus, mais que depuis l?avènement de Medjiba à la tête de la Dtna, l?arbitrage a changé et Medjiba est en train de casser le football algérien. Il y a des arbitres qui contactent d?autres arbitres. J?ai dit que les membres de la FAF et ceux de la LNF font de l?excellent travail, mais avec Medjiba tout ce travail est remis en cause», avant de persister et signer : «Oui, je l?ai dit et je le répète : il vaut mieux être un arbitre qu?un chef d?entreprise dans certains cas. Je le dis et je le redis, il y a de la corruption dans le football et il n?est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.»