Lors du 3e colloque du Club énergie de l'Association des anciens diplômés de l'Institut algérien du pétrole (Aied-IAP), tenu hier à l'hôtel Hilton à Alger, des experts ont insisté sur la nécessité pour l'Algérie d'adopter un modèle de transition énergétique basé sur les énergies renouvelables afin d'assurer sa sécurité énergétique. Intervenant lors des débats, le P-DG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, a reposé la problématique des prix de l'électricité. Tout porte à croire que les dernières augmentations des prix de l'électricité ne semblent pas suffisantes pour le groupe d'électricité national. Encore une fois, Noureddine Bouterfa affirme qu'il faut aller vers la vérité des prix. Développant son argumentaire, le P-DG de Sonelgaz indique que les renouvelables font partie du mix-énergétique mais ne règlent pas le problème. "Il ne faut pas se leurrer. Le solaire ne réglera le problème qu'à un tiers. Il faut parler des deux autres tiers", indique-t-il. Posant la question de savoir si nos réserves vont suffire à l'horizon 2040, il indique que la transition est un tout et efficacité veut dire argent. Selon lui, il faut des investissements pour avoir de la performance. Certes, il y a le partenariat dans le cadre du 51/49, mais ajoute-t-il, il faut trouver les 51%. Il faut dire que la vérité des prix semble être le leitmotiv du patron de Sonelgaz. L'on se souvient de ses déclarations lors du 5e symposium de l'Association de l'industrie du gaz, où il disait à propos de la stratégie du pays en matière d'énergies renouvelables, que "c'est techniquement une utopie". "Sonatrach et Sonelgaz doivent sortir de l'engrenage des bas prix. Les besoins de financement des investissements des dix prochaines années sont de 1 240 milliards de dinars", avait-il précisé ce jour-là. Intervenant à son tour, Abdelmadjid Attar s'est demandé s'il ne fallait pas, dans ce contexte, augmenter les prix puisque tout est basé sur la question du coût. Mais au-delà de cette question du prix, Abdelmadjid Attar déplore le fait que l'énergie est distribuée sur des critères sociaux. Il plaide pour la mise en place d'un plan d'aménagement du territoire en matière de distribution énergétique. Allant plus loin, il préconise la soumission de la délivrance du permis de construction à un audit énergétique. Le 3e colloque du Club énergie de l'Aied-IAP a été focalisé sur la transition énergétique et les énergies du futur en substitution aux hydrocarbures. Il faut dire que cette problématique a été abordée lors des deux précédents colloques de l'association. Les spécialistes en énergie, présents hier à l'hôtel Hilton, ont plaidé pour un modèle de transition énergétique basé sur les énergies renouvelables afin d'assurer sa sécurité énergétique dans un contexte de baisse des prix du pétrole. Sid-Ahmed Baghdadli a plaidé pour la construction d'un nouveau modèle de développement durable pour sortir d'un système bâti sur l'abondance des hydrocarbures. Selon lui, réussir la transition est une nécessité qui doit devenir une cause nationale. Pour Aït Cherif Kamel, le problème réside dans le fait de maîtriser la consommation d'énergie. 18 millions de tonnes ont été consommées en 2015 dont 80% en carburant. Il ajoute qu'entre 2000 et 2014 on a enregistré une hausse de la consommation de 80% pour le pétrole et de 40% pour le gaz. Il évoquera aussi la valorisation des déchets énergétiques qui est pratiquement inexistante an Algérie. L'Algérie, ajoute-t-il, est classée à la 5e place mondiale en termes de consommation de sacs plastiques (7 milliards de sacs par année) qu'on ne recycle pas. Invité à s'exprimer sur le sujet, Ahmed Benbitour, bref et circonscrit, évoquera la question de la gouvernance. Selon lui, rien ne peut aboutir s'il n'y a pas une bonne gouvernance. Saïd Smati