L'objectif prioritaire du Forum algéro-européen sur l'énergie, qui s'est tenu mardi dernier, était d'asseoir le partenariat pour le développement et le renforcement de la coopération entre l'Algérie et l'UE dans le secteur des hydrocarbures, particulièrement le gaz naturel. Si tout le monde a été unanime sur le fait que l'Algérie, troisième fournisseur de l'Europe en gaz, derrière la Russie et la Norvège, restera un partenaire clé de l'Union européenne dans le cadre de sa stratégie visant à assurer sa sécurité énergétique, la question des prix du gaz, la nature des contrats gaziers plus précisément, a été la pomme de discorde entre les deux parties. Faisant jouer la rude concurrence sur le marché européen à laquelle est soumis le gaz algérien, depuis l'arrivée du gaz américain produit à partir du schiste, les clients de l'Algérie, à savoir les compagnies internationales, ont plaidé pour une révision du système des contrats à long terme. Ils étaient nombreux à appeler à renégocier les contrats de long terme, remettant ainsi sur la table une vieille revendication de bon nombre de partenaires européens. Pour Pierre Chareyre, directeur général adjoint du géant énergétique français Engie, avec l'évolution des écarts entre les prix du pétrole et du gaz, ces contrats se sont avérés non compétitifs et ne reflètent plus la réalité du marché européen. Face à un marché plus que jamais liquide et des prix spots plus compétitifs, "l'Algérie doit s'adapter", selon le responsable d'Engie. En plus clair, les clients de l'Algérie veulent plus de flexibilité autant sur les prix que sur les volumes. Ce qui ne semble pas agréer l'Algérie. Selon le ministre de l'Energie, Salah Khebri, qui s'exprimait en marge du forum, les contrats à long terme apportent aux clients la sécurité des approvisionnements tout en permettant à l'Algérie d'investir à long terme dans les installations gazières. L'Algérie, qui a consenti d'importants investissements pour acheminer le gaz à ses clients en Europe, a besoin d'une visibilité à long terme. D'autant que le vrai défi se pose au niveau de la production et qu'il faut relancer les investissements dans de nouveaux projets d'exploration et de production de gaz. La satisfaction des besoins à long terme requiert des financements lourds sur toute la chaîne gazière. Lesquels financements sont tributaires d'un prix du gaz que seuls les contrats de long terme peuvent garantir. Au moment où les observateurs d'attendaient à voir, durant ce forum, des avancées sur la question des investissements dans la chaîne gazière, les partenaires de l'Algérie se sont montrés très frileux sur le sujet, focalisant plus sur les conditions de contrat. Pourtant, les intérêts convergent. L'Europe qui importe actuellement 65% de sa consommation devra importer encore plus avec le déclin de sa production. Les estimations de la consommation européenne de gaz montrent que l'UE continuera à être un grand marché pour le gaz. L'Europe a besoin d'importer, d'ici 2025, 150 milliards de m3 par année. L'Algérie pour sa part dispose d'une position privilégiée par rapport à la proximité et la flexibilité qu'elle offre à l'Europe. Les infrastructures d'accès au marché européen ne posent pas de problème, dans la mesure où des infrastructures importantes de transport du gaz de l'Algérie vers l'Europe existent déjà. L'Algérie dispose d'une capacité d'exportation de 50 milliards de m3 par gazoducs et de 30 milliards de m3 de GNL. Un responsable de Sonatrach relèvera le déclin des exportations de gaz vers l'Europe qui après avoir été de 54 milliards de m3, il y a une dizaine d'années, elles sont descendues à 34 milliards de m3 en 2014. Sur cette période, ce sont 70 milliards de m3 de gaz prévus qui n'ont pas été livrés. S. S.