Lors d'un point de presse animé conjointement avec le commissaire européen au climat et à l'énergie, Arias Canete, en marge du premier Forum d'affaires algéro-européen dédié à l'énergie, Salah Khebri a souligné que la satisfaction des besoins à long terme requiert des financements lourds sur toute la chaîne gazière. Face à un commissaire européen au climat et à l'énergie peu loquace sur la question des contrats gaziers, des patrons de majors européennes du gaz et du pétrole, présents hier au 1er Forum d'affaires algéro-européen, ont eu la langue bien pendue sur cette question. Ils étaient nombreux à appeler à renégocier les contrats de long terme, remettant au centre des controverses un vieux desideratum auquel l'Algérie n'a jamais acquiescé. Pour bon nombre de dirigeants de compagnies pétrolières et gazières européennes, la conjoncture s'y prête tant les contrats actuels arrivent à expiration et le marché gazier mue à la faveur d'une concurrence féroce et d'une offre plus que jamais diversifiée. Le responsable de l'ENI a ouvert le bal, évoquant «une opportunité de renégocier les contrats qui arrivent bientôt à expiration». En ligne de mire, les contrats de long terme, dont les prix du gaz sont indexés à ceux du pétrole, décriés désormais par bon nombre de partenaires européens. Pierre Chareyre, vice-président exécutif chez Engie, a bondi dans le même sens, estimant pour sa part que «les contrats de long terme ne sont plus compétitifs et ne reflètent plus la réalité du marché qui sera appelé à être plus liquide». Pour étayer ses propos et tenter, par la même, de peser dans le débat sur les futures renégociations, il brandit la carte du GNL américain qui fait son entrée sur le marché européen. Face à un marché plus que jamais liquide et des prix spots plus compétitifs, «l'Algérie doit s'adapter», selon le responsable d'Engie. Face à cette levée de boucliers contre les contrats de long terme, l'Algérie joue comme à l'accoutumée la carte de «fournisseur fiable». Mais pas seulement. Poussé dans ses derniers retranchements par les journalistes, le ministre de l'Energie, Salah Khebri, a laissé entendre à demi-mot que l'Algérie ne compte pas fléchir face à cette remise en cause qui, pour rappel, n'en est pas à son premier épisode. Lors d'un point de presse animé conjointement avec le commissaire européen au climat et à l'énergie, Arias Canete, en marge du premier Forum d'affaires algéro-européen dédié à l'énergie, Salah Khebri a souligné que la satisfaction des besoins à long terme requiert des financements lourds sur toute la chaîne gazière. Lesquels financements sont tributaires d'un prix du gaz que seuls les contrats de long terme peuvent garantir. En termes plus clairs, une remise en cause des contrats de long terme entraîne un risque sur la rentabilité des investissements. Carences… Sur cette question au moins, qui s'apparente à un défi qui consiste à résister à un marché de plus en plus liquide et compétitif, l'Algérie doit batailler pour préserver des débouchés rentables pour son gaz. En interne, la volonté de renouer avec les performances de l'amont gazier passe par «une politique d'investissement plus flexible». Ce à quoi ont appelé les dirigeants des compagnies partenaires de Sonatrach, présents hier au Forum d'affaires algéro-européen. La stabilité juridique et des lois régissant l'investissement, dont la règle dite de 51/49%, revenait presque comme une prière dans les discours. Pour Philippe Sauquet, membre du comité exécutif de Total, «la stabilité juridique est importante pour que nous puissions investir». Aussitôt, le patron de Statoil Algérie, Bjorn Kâre Viken, vient apporter de l'eau au moulin du responsable de Total, pointant du doigt une administration bureaucratique qui ralentit les projets d'investissement. «L'Algérie est un environnement très difficile. Les choses sont très centralisées et bureaucratisées», regrette-t-il, enchaînant sur la nécessité d'investir davantage dans la sécurité des installations et du personnel. Le patron de Statoil Algérie, dont l'entreprise a été l'une des victimes de l'attaque terroriste contre la base gazière de Tiguentourine, reconnaît néanmoins que des efforts ont été consentis pour la sécurité des installations. Lui emboîtant le pas, Pierre Chareyre, vice-président exécutif chez Engie, a indiqué que l'aspect sécurité «est la principale préoccupation» de son entreprise, invitant l'Etat algérien à «investir davantage sur cette question afin de l'assurer à long terme». C'est dire que le pays fait face à un double défi tant sur les marchés mondiaux qu'en interne. Accroître l'effort de recherche et d'exploitation des hydrocarbures, diversifier le mix énergétique. Et la rationalisation de la consommation interne est la clé de voûte, selon le ministre de l'Energie. Engagé dans un appel à investissements auprès de ses partenaires, Sonatrach entend donner du rythme à un élan qui s'est soldé, en 2015, par un bond élevant la production d'hydrocarbures à près de 200 millions de tep. La capacité installée d'exportation a été portée à 90 milliards de mètres cubes, dont plus de 50 milliards de mètres cubes via les gazoducs. Sonatrach entend porter la production primaire à 241 millions de tep à l'horizon 2020. Pour ce faire, 73 milliards de dollars d'investissement seront injectés sur la période 2016-2020.