Les députés de l'APN sont inquiets quant à l'utilisation des subventions de l'Etat par les clubs professionnels pour le paiement des salaires des joueurs et autres primes. Jeudi, en pleine séance plénière, ils l'ont fait savoir au ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, par l'entremise d'une question orale posée par le député Mohamed Si Fodil du Front de libération nationale (FLN), relative à la rationalisation des dépenses publiques, sachant que des joueurs en Algérie "touchent plus de 3 millions de dinars" par mois de clubs constitués en sociétés commerciales, mais qui continuent à avoir l'argent de l'Etat, note le député. "Il est strictement interdit d'utiliser l'argent public pour payer des salaires ou verser des indemnités, les textes sont clairs sur ce point-là", répond M. Ould Ali, cité par l'APS. Or, la réalité du terrain est tout autre, la majorité des clubs, en butte à une crise financière générale, puise dans les subventions de l'Etat pour payer les joueurs ; des walis et des responsables locaux ne se cachent plus pour se vanter d'avoir aidé tel ou tel club afin notamment de prendre en charge la rémunération des joueurs. À ce titre, le parlementaire du FLN a appelé à "plus de rigueur" en matière de contrôle financier. En fait, la majorité des clubs pros, outre le fait d'utiliser l'aide de l'Etat de l'ordre de 2,5 millions pour les clubs, (Fonds de soutien public de l'Etat aux clubs professionnels), n'hésite pas à détourner les subventions publiques allouées aux clubs amateurs d'où elle est issue. Selon l'article 185 de la loi 13-05, "il est interdit tout transfert d'une subvention publique accordée à un club sportif amateur vers un club sportif professionnel". Cette entorse tombe même sous le coup des dispositions pénales de la même loi 13-05 qui punit son auteur d'emprisonnement. "Est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à un (1) an et d'une amende de 500 000 DA à 1 000 000 DA ou de l'une de ces deux peines, quiconque enfreint les dispositions des articles 185 et 186 ci-dessus, relatives respectivement à l'interdiction du transfert et au changement de destination d'une subvention publique", note la loi. En vérité, c'est en matière de contrôle que le bât blesse, c'est à ce niveau-là que les services du MJS ont péché par une certaine passivité souvent par calcul politique. L'absence d'une structure pour le contrôle de gestion des clubs a justement facilité l'apparition d'une situation de non-droit. À l'arrivée les présidents des clubs font la loi et piétinent au vu et au su de tout le monde le décret 13-05. Par ailleurs, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali a menacé : "Les clubs des Ligues 1 et 2 qui n'ont pas justifié l'achat d'un bus, verront l'aide de l'Etat de l'ordre de 2,5 millions de dinars par an bloquée pour l'exercice prochain." M. Ould Ali a rappelé qu'outre l'achat d'un bus, l'Etat a également financé pour les clubs, les frais de déplacement à l'intérieur du pays, les frais d'hébergement des jeunes catégories et 50% des billets d'avion concernant les déplacements à l'étranger. SAMIR LAMARI