Visiblement, les promesses de prise en charge des victimes des huiles askarel sont loin de satisfaire les gardes communaux qui ont servi de rempart contre le terrorisme islamiste en ayant payé un lourd tribut. Après maints débrayages, les gardes communaux perdent patience. Pour faire valoir leurs droits, les gardes communaux venus de 41 wilayas, se sont joints solidairement, à la marche organisée, mercredi, à Laghouat. De la place de la Résistance au siège de la wilaya, ils ont scandé des slogans appelant les pouvoirs publics à ouvrir une enquête sur les effets dévastateurs sur leurs collègues qui étaient au contact permanent avec cette huile cancérigène au niveau du site d'entreposage de Oued Nili, dans la commune de Hassi-R'mel, à 55 km au sud de Laghouat, dont ils assuraient la sécurité. "Peut-être que notre action constituerait-elle une amorce pour relancer des investigations plus poussées sur les ravages des huiles askarel ou PCB à travers la wilaya de Laghouat en particulier et le territoire national en général. Il me semble qu'ils sont nombreux mais occultés pour des raisons d'impuissance coupable des autorités", nous a déclaré un manifestant. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le PCB connu beaucoup plus sous le nom d'Askarel, commercialisé en Algérie sous différentes appellations, est une substance huileuse bioaccumulation. Elle est utilisée pour le refroidissement et l'isolation dans des transformateurs électriques et des condensateurs. C'est un produit isolant et inflammable. Ce qui justifie son utilisation dans les milieux industriels, scolaires et administratifs. Les inconvénients du PCB résident principalement dans le fait qu'il est hautement toxique et non biodégradable. À long terme, il est susceptible de provoquer de sérieux problèmes de santé qui peuvent être fatals car il est fortement soupçonné d'être cancérigène. L'acné, l'irritation des voies respiratoires, les maux de tête et la diminution de la fertilité sont entre autres les maladies qui peuvent atteindre ceux qui sont en contact avec cette huile. Selon des témoignages concordants, au printemps 1987, un convoiement, de Médéa vers Laghouat, d'un important chargement de transformateurs gorgés d'huiles askarel, a terminé son trajet au lieu-dit Bouchakeur, à Laghouat, un espace qui n'a pas subi depuis l'arrosage de son sol par les transfos qui fuyaient, une quelconque décontamination ou autre. La cargaison de PCB n'a malheureusement pas fait l'objet de traitement adéquat à temps, pour annihiler sa nocivité. Mais il n'est jamais trop tard. Ces huiles mortelles ont été confinées dans des sarcophages en béton armé enterrés dans un lieu situé au sud de la ville. Mais depuis, celle-ci a connu une fulgurante expansion urbaine dans cette direction. Que sont devenus les sarcophages ? Les PCB ne se seraient-ils pas infiltrés dans les nappes phréatiques ? Autant de questions qui méritent des réponses rapides. Les huiles askarel tuent pernicieusement ainsi que le silence et le mépris. BOUHAMAM AREZKI