Dans la seule wilaya de Constantine, trois grands accidents avaient été déplorés entre 1984 et 1986. Mais, déjà dans les années 1970 et 1980, de fortes explosions causant la mort de plusieurs personnes ont été répertoriées à Mostaganem, Batna, Boumerdès et Boufarik. Leur cause : les huiles polychlorobiphényles, communément appelées les huiles askarel ou PCB. Malgré le décret présidentiel 87-182 du 18 août 1987, qui réglemente les conditions d'exploitation, d'utilisation, de manipulation, de transport et de stockage des huiles askarel, ce produit hautement cancérigène continue d'être présent dans certains secteurs d'activité. En 2005, une entreprise française, de dimension internationale et déjà connue pour le désamiantage de la coupole du 5 Juillet à Alger, avait soumissionné avec le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement pour différentes opérations de recensement mais, également, de confinement de ces polluants dans des conteneurs spéciaux, avant de les évacuer vers l'étranger où ils seront neutralisés dans des stations de haute technologie. Jusqu'à aujourd'hui, quelque 55 transformateurs ont été collectés par l'entreprise française Cofal mais uniquement sur la wilaya de Constantine. En mai dernier, cette entreprise étrangère annonçait le recensement de quelque 100 transformateurs mis au rebut et stockés dans différents secteurs d'activité. Dans le détail, il était répertorié « 7 transformateurs dans le secteur de la santé, 1 transformateur dans le secteur de l'éducation et 5 autres à l'université. Dans le secteur de l'agriculture, l'entreprise française a recensé 2 transformateurs, 3 autres dans le secteur des collectivités locales et, enfin, 22 dans le secteur de la Défense nationale. Le recensement a également touché le secteur des transports avec 14 transformateurs et 3 dans le secteur des communications. Il reste, en dernier lieu, à signaler que le secteur de l'industrie compte près de 40 transformateurs recensés par Cofal », pouvait-on lire dans la presse nationale. Les 55 transformateurs repris à Constantine ont été vidangés puis confinés dans des conteneurs spéciaux (big bag) et expédiés en France pour procéder à leur l'incinération. Quels sont les dangers ? Ce qui est retenu et vérifié est que ces huiles ne sont pas biodégradables et les dangers de contamination sont multiples puisqu'ils se manifestent à la suite d'un contact direct, d'une dispersion dans l'environnement ou d'une décomposition thermique. Le pire étant la propagation du produit suite à un incendie : les émanations de fumée pourraient toucher toute une population. En réalité, si un incendie se déclarait à proximité d'un appareil dont la cuve a été perforée, outre l'acide chlorydrique, il y a création de furanes et, parfois, de dioxines qui sont, par ailleurs, plus toxiques que le PCB lui-même. Les huiles askarel se retrouvent principalement dans des transformateurs et des condensateurs. Très bon isolant et ininflammable, le PCB a été fabriqué industriellement à partir de 1930 pour être arrêté dans les années 1980. Il est estimé, aujourd'hui, à 1 million de tonnes la quantité de PCB produite aux Etats-Unis, en Europe de l'Ouest et au Japon. Ses propriétés physico-chimiques justifiaient, donc, diverses utilisations dans les administrations et le milieu industriel. Cependant, sa décomposition peut se traduire par le dégagement de composés à forte toxicité : les dioxines et les furanes. C'est à ce titre que le polychlorobiphényle, sujet à la bioaccumulation est soupçonné d'être cancérigène provoquant, lorsque le travailleur y est exposé régulièrement et sans précaution particulière, une affection de la peau, la chloracné, ainsi que des troubles hépatiques ou des bronchites. Aussi, le PCB, qui est lipophile, peut, de ce fait, s'accumuler dans la chaîne alimentaire et être retrouvé chez l'homme, l'animal et l'environnement.