Une pléiade d'artisans a élu chapiteau de part et d'autre de l'avenue Emir-Khettabi, contiguë à l'esplanade de la Grande-Poste et à l'avenue Mohamed-Khemisti. L'objectif pour ces artisans issus d'ici et de l'Algérie profonde est de s'adjuger un stand, sinon l'espace de visibilité et d'échange qui leur permet une audience auprès du public. Le choix pour la capitale n'est pas fortuit ! Loin s'en faut, du fait que l'aubaine est d'autant belle pour se confronter d'abord au savoir-faire d'artisans locaux et où il est aisé d'approcher l'axe décisionnel de la tutelle afin d'aspirer à une place au soleil. L'initiative que l'on doit à la Fédération nationale des artisans tend vers l'élan d'ardeur à même de gratifier le génie populaire de l'essor novateur que ces artisans désespèrent d'atteindre, a-t-on su de son président Yaïci Réda : "L'optique de la manifestation revêt d'ambitieuses prétentions, à l'exemple de l'intention de fédérer un large contingent d'artisans autour de la promotion de l'artisanat du terroir et d'actualiser par la même occasion le répertoire d'artisans encore méconnus de notre fédération." Outre cela, notre interlocuteur prévoit l'échange dit interwilayas pour qu'untel artisan en ébénisterie d'art ou de dinanderie d'Alger puisse exercer et ciseler son savoir-faire au contact du talent de ses homologues de Constantine ou de Tlemcen et vice-versa. Certes, il y a du bon à identifier l'artisan et de le mettre en valeur, pour peu qu'il lui soit permis de s'épanouir et de vivre de son métier : "Selon le recensement opéré par l'UGCAA (Union générale des commerçants et artisans algériens), on dénombre dans la wilaya d'Alger 17 000 artisans tous secteurs d'activités confondus, dont 5000 artisans spécialisés dans le vêtement traditionnel, la dinanderie et l'ébénisterie. À ce propos, nous avons convenu d'un accord avec l'opérateur social Casnos pour que nos adhérents s'acquittent du reliquat non cotisé selon un échéancier de paiement étalé dans le temps. Pour ce qui est de l'épineux cas du fisc, notre fédération est en pourparlers avec l'administration des impôts pour obtenir également un planning de paiement, qui soit en adéquation avec les capacités financières de nos adhérents", a tenu à ajouter notre interlocuteur. Donc, à l'instar de ce qui se fait sous d'autres cieux, où l'artisanat occupe la première place du podium, chez nous, il est grand temps que l'artisanat se réinstalle à sa place privilégiée qu'il n'aurait jamais dû perdre. S'il en est une preuve d'un talent qui se doit d'être promu, celle-ci est à chercher dans la fabrication de l'huile ouzemour ou l'huile d'olive pressée aux abords de l'oued Chélif ou ces pots de douceur si plein de l'art de l'apiculture pure abeille de la ville des Roses. Autre spécialité du terroir, la mielleuse Deglet Nour de Biskra et ses dérivés qu'il est loisible d'apprécier au stand de l'oasis de la reine des Ziban et de se familiariser au métier à tisser des artisans de la wilaya de Boumerdès et sur lequel se conçoit le burnous et la qachabia. Mieux, il y a foule autour de fastueux plateaux du nougat royal au label de la médina des Zianides à Tlemcen. Bien entendu, le prêt-à-porter de chez nous n'est pas en reste, puisqu'il plaît à admirer la djeba fergani de Annaba, exposée à côté de la penderie des robes traditionnelles de Bouira et l'indémodable collection de bijoux d'inégalables orfèvres de Béni Yenni. C'est dire que l'"expo" en vaut le détour, notamment durant ces veillées du mois sacré de Ramadhan, qui seront illuminées de la flamme des bougies de Béni Maouche du bled de Yemma Gouraya. Louhal N.