La contestation de l'ordonnance 97-13 régissant la retraite proportionnelle et la retraite sans condition d'âge s'étend au sud du pays où des centaines de travailleurs de la compagnie Sonatrach ont observé, ces deux derniers jours, des sit-in suivis de marches au niveau des bases de Hassi-Messaoud et Hassi-R'mel pour demander l'annulation de la décision. À Hassi-Messaoud, près d'un millier de travailleurs de la direction production de Sonatrach se sont mobilisés au niveau des bases du 24-Février et Irara contre cette décision qualifiée d'injuste et d'arbitraire. Selon un compte rendu daté du 9 juin, signé par le secrétaire général de la section syndicale, adressé au syndicat d'entreprise et à l'UGTA, dont nous détenons une copie, les travailleurs "réclament le point de la retraite à 25 ans qui a été soulevé dans le PV de la coordination Amont en 2011 et le maintien du système de retraite actuel compte tenu de la nature pénible des activités qu'ils exercent dans les régions du Grand-Sud". Les travailleurs exigent, selon le document, l'organisation d'une assemblée générale urgente, pour s'adresser aux autorités et dire ce qu'ils pensent de ce projet et de la position leur syndicat. "Nous n'allons pas nous taire et nous allons durcir notre attitude si ce projet n'est pas retiré", affirme un travailleur de la base Irara, joint, hier, par téléphone. "Après avoir concocté un code du travail qui consacre la précarité de l'emploi, ces organisations patronales toujours hostiles à la création de syndicats et l'établissement de conventions du travail au sein de leurs propres entreprises, s'attaquent maintenant à un des acquis des travailleurs", ajoute notre interlocuteur. À Hassi-R'mel, dans la wilaya de Laghouat, des centaines de travailleurs ont organisé avant-hier une marche pour demander le retrait de la décision d'abrogation de l'ordonnance 97-13 prise lors de la dernière tripartite. Arborant des banderoles à travers lesquelles ils dénoncent cette décision, les manifestants s'en sont pris à l'UGTA lui reprochant de se plier aux injonctions du FCE et autres organisations patronales qui, selon eux, mènent ces jours-ci une véritable campagne contre les acquis des travailleurs. "Nous ne permettons pas qu'on touche à cet acquis surtout pour les travailleurs qui exercent dans le Sud et qui travaillent dans les conditions les plus pénibles", affirment-ils. Les manifestants qui avaient observé mercredi soir un sit-in devant le siège de la direction régionale de Sonatrach promettent d'organiser chaque soir un sit-in jusqu'au retrait de cette décision. À Rouiba, les syndicalistes de la SNVI ont pris le relais de la contestation qui a secoué mercredi le complexe industriel au sujet de la même décision. Les représentants des travailleurs affiliés à l'UGTA se sont dirigés jeudi matin vers le siège de l'union locale pour exprimer aux responsables du syndicat leur colère contre la décision de la tripartite avalisée par l'UGTA. "Nous avons repoussé cette décision en 2011 et nous sommes prêts à reconduire la même mobilisation pour mettre en échec cette décision qui n'est nullement justifiée", affirme un responsable syndical de la SNVI. "Si vous voulez sauver la CNR, allez puiser l'argent qui manque chez les entreprises privées qui ne déclarent pas leurs employés à la Sécurité sociale et qui ne se soucient pas du droit des travailleurs", ajoute un autre syndicaliste. De son coté le Cnapest, qui a toujours exigé une retraite après 25 ans d'activité dans le secteur de l'éducation, a exprimé son rejet de la décision de la tripartite. Selon Messaoud Boudina, joint hier par téléphone, le conseil national du Cnapest va examiner ce point, ce mardi, et décidera des actions à entreprendre après la consultation de la base. L'Unpef a également réagi à cette mesure à travers un communiqué où elle dénie le droit à l'UGTA de représenter et signer pour tous les travailleurs. Le Snapap a lui aussi critiqué la décision prise sans consultation des syndicats représentatifs et met en garde le gouvernement en cas d'abrogation de la l'ordonnance 97-13. M. T.