La réaction des deux pays ne s'est pas fait attendre, mais il reste à espérer que l'Administration Bush n'aille pas au bout de sa logique de guerre. Le président américain George W. Bush a nommé, jeudi, John Negroponte, ex-ambassadeur à Bagdad, au poste de directeur du renseignement national (DNI), profitant de l'occasion pour mettre à nouveau en garde l'Iran et la Syrie qu'il accuse de chercher à déstabiliser le Proche-Orient. Pour Téhéran, M. Bush s'est engagé “à soutenir Israël si sa sécurité est menacée” en ajoutant : “Si j'étais dirigeant d'Israël, je serais inquiet du fait que l'Iran ait une arme nucléaire.” Il a souligné que “l'objectif est de continuer à dire clairement aux Iraniens que la mise au point d'une arme nucléaire sera inacceptable”. Concernant la Syrie, il a déclaré que “Damas est en décalage” par rapport à ce que M. Bush a qualifié de mouvement vers la démocratie au Proche-Orient. Il a estimé que le rappel de l'ambassadeur américain en Syrie était un signe que “la relation ne progressait pas, que la Syrie est en décalage avec les progrès qui ont été réalisés dans le Grand Moyen-Orient”, évoquant l'absence de coopération avec les Américains en Irak et dans la tenue d'élections libres au Liban. “Les Syriens iraient mieux dans de nombreux domaines s'ils changeaient leur politique et ne constituaient pas une menace pour la paix et la stabilité qu'ils représentent actuellement”, a déclaré le sous-secrétaire américain à la Défense, considéré comme l'un des faucons de l'Administration Bush, M. Feith, qui a annoncé sa démission pour “raisons familiales” fin janvier. “Il y a un soutien important à l'insurrection en Irak et les Syriens continuent de nier les droits souverains et indépendants des Libanais. Les Syriens sont un des plus importants soutiens du terrorisme dans le monde”, a-t-il affirmé. Le président américain a appelé la Syrie à prendre des “décisions rationnelles” en la menaçant d'isolement dans le cas contraire. Il faut savoir que, depuis l'attentat perpétré contre l'ancien Premier ministre libanais, Rafik Hariri, Washington ne cesse de faire monter la pression sur Damas afin d'aboutir aux retrait des troupes syriennes du Liban. Mais il faut bien admettre que l'objectif de Washington est d'anéantir les capacités de nuisance aussi bien de la Syrie que de l'Iran dans une région où Israël devra toujours garder la supériorité militaire. La réaction des Iraniens ne s'est pas fait attendre. Le président Mohammad Khatami a apporté, jeudi, son soutien à la Syrie en déclarant : “Nous respectons les Syriens qui se trouvent en première ligne du combat contre le régime sioniste et nous saluons leur lutte légitime pour recouvrer leurs territoires occupés”, a-t-il affirmé à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre syrien, Mohammad Naji Otri. “La pire des formes du terrorisme, c'est le terrorisme gouvernemental pratiqué par le régime sioniste et, malheureusement, ce sont ceux qui combattent pour libérer leurs terres que l'on accuse d'être des terroristes”, a-t-il insisté. Le Premier ministre syrien est arrivé mercredi en Iran pour une visite consacrée officiellement à la coopération économique et commerciale. Mais les deux pays ont dû réagir aux nouvelles pressions de la Maison-Blanche. Il faut savoir que le président américain s'en est pris de manière violente dans son dernier discours à l'état de l'union contre Damas et Téhéran. “Téhéran et Damas ont des positions claires et voisines sur les questions régionales et internationales”, a ajouté M. Khatami. Et de conclure que “l'Iran et la Syrie condamnent l'assassinat de Rafik Hariri et espèrent que les auteurs seront identifiés et poursuivis”. N. A./Agences