Cette édition de "Raconte-Arts" se déroulera du 24 au 27 juillet, à Souamaâ (daïra de Mekla), sous le thème "Il était une fois, le royaume de Koukou". À cet effet, Yazid Arab réalisera le documentaire Souamaâ, une organisation ancestrale, portant sur cette région de Kabylie, à travers son histoire et ses personnalités historiques et du monde artistique. La 13e édition du festival "Raconte-Arts" a choisi, cette année, le grand village de Souamaâ (daïra de Mekla, situé à 35 km de Tizi Ouzou) pour planter son joli décor et animer ainsi toute la région durant trois jours, soit du 24 au 27 juillet sous le thème "Il était une fois, le royaume de Koukou", à la grande satisfaction de toute une population qui se retrouve, du coup, sur le devant de la scène culturelle. Des hommes de culture, des chanteurs, des poètes, des artistes peintres et des écrivains sont déjà inscrits parmi la liste des invités pour égayer cette belle "fête au village". Ce sera donc trois journées de juillet qui sembleront moins longues que de coutume. Et comme le comité de village ainsi que les autorités communales s'affairent à faire de cette manifestation traditionnelle un événement mémorable dans les annales de la région, l'équipe de tournage de Yazid Arab, scénariste réalisateur, s'est installée avec armes et bagages dans ce village pour la réalisation d'un documentaire intitulé Souamaâ, une organisation ancestrale. Le synopsis du film vient rappeler que, comme beaucoup de villages qui ont "condensé le passé et le présent pour en faire un futur limpide", Souamaâ, une commune de Kabylie relevant de la daïra de Mekla qui doit son nom à une tribu berbère (Ath Bouchaïb), fait partie de ces villages combatifs qui ont tout fait pour l'épanouissement et le développement de leur patelin dans le bon sens. Elle est composée de 10 villages aussi splendides les uns que les autres. Elle correspond au territoire du arch Ath Bouchaïb, délimité à l'ouest par Ath Khelili, à l'est par Ifigha, au nord par Azazga et au sud par Aït Yahia. Elle a été érigée en centre municipal en 1945 avec à la tête du centre l'instituteur et chahid Ennour Hadj Ali dit Arezki Nath El-Hadj, un ami de Mouloud Feraoun qui l'a évoqué dans son journal 1955-1962. De grands hommes et d'illustres personnages ont foulé la terre de ce village. À l'exemple de Saïd Boulifa, l'homme de lettres qui y est venu en tant qu'anthropologue en 1910. Il avait déterré une stèle de l'époque de la civilisation berbère, qui porte entre autres des inscriptions libyques sur Adrar Amellal, qui signifie la montagne blanche, épithète par lequel la montagne du Djurdjura était souvent désignée. Cette stèle est actuellement au Musée national des antiquités et des arts islamiques d'Alger. Comme la femme a joué un rôle rudimentaire dans la famille algérienne en général et au sein de la famille kabyle en particulier, on n'omet pas de mettre en exergue ces épouses, ces sœurs et ces mamans d'autrefois, conservatrices invétérées de certaines traditions. Avec sa caméra, Yazid Arab et ses collaborateurs rendent visite à Lla Adidou, une vieille femme de 92 ans qui habite le village. Dans le temps, elle exerçait un métier ancestral en voie de disparition en Kabylie et à travers toute l'Algérie d'ailleurs, connu communément dans la tradition kabyle par la dénomination de lqivla c'est-à-dire "l'accoucheuse traditionnelle ou sage-femme rurale". Puis, à une ancienne chanteuse d'un groupe de Thivougharine, ce chant déclamé lors des mariages, les circoncisions et les rendez-vous périodiques de Thiouizi. Nna Arzika a hérité de sa mère cette culture de chant comme une autre maman pourrait léguer un bijou précieux et familial en guise d'héritage à sa fille. Sa voix de cantatrice a fait d'elle la plus célèbre des chanteuses du village. Par son expérience accumulée pendant 90 ans, Nna Arzika nous exposera indéniablement un répertoire riche concernant cet art de chanter talentueusement. Saïd MECHERRI