Le linguiste, historien et sociologue, Si Amar Ou Saïd Boulifa, fut l'un des premiers algériens à avoir élaboré des méthodes d'enseignement de la langue berbère, a indiqué, samedi, à la maison de la culture Mouloud Mammeri, la directrice de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, Mme Nabila Goumeziane. «Il est, avant tout, l'une des premières personnes à avoir défié le savoir colonial en enclenchant un processus de recherches sociologiques et littéraires sur la culture algérienne et qui l'a imposé tout en posant un regard contradictoire à celui des colons», a-t-elle dit. S'exprimant à l'ouverture d'une journée d'étude sur le thème « Boulifa, précurseur de la recherche anthropologique et linguistique sur sa société », l'intervenante a fait savoir que «c'est grâce au travail de ce dernier que nous avons aujourd'hui une banque de données sur l'œuvre poétique d'une autre grande personnalité, en l'occurrence l'aède de l'errance Si Mohand Ou Mhend». Ses œuvres, a-t-elle poursuivie, doivent être apprises et transmises aux nouvelles générations, estimant que « l'avenir de la littérature et de la poésie est inséparable du rôle de la culture dans la promotion de voies de développement plus durables et inclusives ». Notre secteur se doit, a-t-elle recommandé, «de compléter l'œuvre de l'école en développant le goût de la lecture chez les enfants et les jeunes gens», à même de permettre la création d'une véritable passerelle entre le monde universitaire et la jeune génération. « Il est de notre devoir de mettre à la disposition de chaque citoyen les moyens nécessaires et les infrastructures, indispensables pour favoriser la lecture publique et la culture générale, afin d'enrichir sa personnalité tout en le préparant mieux à son rôle dans la société », a-t-elle fait observer. Durant cette journée d'étude, l'universitaire, Saïd Chemakh, docteur en linguistique Berbère a évoqué «l'œuvre de Boulifa: histoire, poésie et enseignement» alors que Hacène Halouane, docteur en lettres françaises, dans une communication intitulée «Boulifa, précurseur de la cause amazighe », est revenu sur le rôle de Boulifa dans le combat identitaire. Outre ces conférences-débat, une exposition sur la vie et l'œuvre de Si Amar Ou Saïd Boulifa, élaborée par l'association culturelle Issegh de Souamaa (Mekla) au niveau du halle de la maison de la culture Mouloud Mammeri, et la réalisation d'un portrait de Si Amar Ou Saïd Boulifa, par l'Ecole régionale des beaux -arts d'Azazga ainsi qu'un déplacement, à la clôture de cette journée d'étude, vers la maison, sise au village Adeni, relevant de la commune d'Irdjen, dans la daïra de Larbaâ N Ath Irathen, où le linguiste et sociologue, Saïd Boulifa, avait vu le jour aux années 1860. Si Amar Ou Saïd Boulifa a entamé ses études en 1875, à Tamazirt, dans la première école ouverte en Kabylie. Vers 1890, il décroche le diplôme d'instituteur après une formation à l'école normale de Bouzaréah (Alger), il suivra également des études en linguistique, sociologie et histoire au niveau de la faculté des lettres d'Alger. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, d'une grande valeur historique, entre autre, Une première année de langue kabyle (dialecte Zouaoua), destiné à l'usage des candidats à la prime et au brevet de kabyle, (Alger 1897), suivis de méthode de langue kabyle (cours de deuxième année), (Alger 1913). Il a également écrit «Recueil de poésies kabyles», texte Zouaoua traduit, annoté et précédé d'une étude sur la femme kabyle et d'une notice sur le chant kabyle (airs de musique), Alger 1904, L'Inscription d'Ifigha , (in Revue archéologique juillet-décembre 1909), Le Djurdjura à travers l'histoire depuis l'Antiquité jusqu'en 1830 : organisation et indépendance des Zouaoua (Grande Kabylie), (Alger 1925), et Mémoire sur l'enseignement des indigènes de l'Algérie, (in Bulletin de l'enseignement des indigènes, Alger, Jourdan, 1897).