En dépit de certaines réactions hostiles de quelques partis politiques, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a officiellement chargé Youssef Chahed de former un gouvernement d'union nationale. Ne perdant guère de temps, le chef de l'Etat tunisien a rapidement trouvé le successeur de Habib Essid, démissionnaire suite au vote de défiance des élus de l'Assemblée des représentants du peuple, qui lui avaient retiré leur confiance par 118 voix contre 3. Ainsi, Béji Caïd Essebsi a chargé hier le ministre des Affaires locales dans le gouvernement sortant, Youssef Chahed, 41 ans, de former un cabinet d'union nationale. "J'ai rencontré aujourd'hui le président de la République, qui m'a chargé de former le gouvernement d'union nationale", a-t-il déclaré à la presse au palais présidentiel de Carthage. "Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle étape qui requiert des efforts, des sacrifices, de l'audace, du courage, de l'abnégation et des solutions sortant du cadre classique", a-t-il ajouté, en précisant que ses priorités seraient la lutte contre le terrorisme et la corruption. À noter que Youssef Chahed, qui a 30 jours pour former une nouvelle équipe aux termes de la Constitution, a indiqué que les consultations à ce sujet débuteraient dans la journée. "Ce sera un gouvernement politique, un gouvernement de compétences, de jeunes", a-t-il poursuivi, en promettant que les femmes seraient "mieux représentées". Il a aussi assuré que "le nouveau gouvernement ne sera pas un gouvernement de quotas partisans mais un gouvernement politique". Dans la foulée, le nouveau chef du gouvernement tunisien a évoqué les cinq priorités de son programme. Il envisage de "gagner la guerre contre le terrorisme" et de "déclarer la guerre contre la corruption et toutes les personnes corrompues". Sur le plan économique, il veut "accroître le taux de croissance et créer des emplois", et "la gestion des équilibres financiers". Enfin, Youssef Chahed compte "se concentrer sur les problèmes de propreté et de l'environnement". Rappelons que le président tunisien s'était déclaré le 2 juin dernier en faveur d'un gouvernement d'union nationale face aux critiques contre le cabinet Essid, accusé d'inefficacité alors que la Tunisie traverse une période sensible, confrontée à une économie en crise et des attentats jihadistes meurtriers. Il n'a pas attendu l'expiration du délai de dix jours que lui confère la Constitution pour révéler l'identité de la personnalité qu'il désire voir conduire et former le gouvernement d'union nationale que tout les Tunisiens attendent pour fin août au plus tard. Dès l'évocation du nom de Youssef Chahed ces derniers jours, certains ont salué sa jeunesse (il aura 41 ans en septembre). Mais d'autres ont critiqué la promotion d'un membre du gouvernement sortant, jugé en échec, en dénonçant aussi des liens de parenté par alliance avec Béji Caïd Essebsi. Ceci étant, Youssef Chahed est membre de la direction de Nida Tounes et ancien président de la Commission de la réconciliation au sein du même parti. Merzak Tigrine