Depuis mercredi dernier, plus de 160 clients de l'agence BNA de Khemis Miliana sont auditionnés dans l'affaire de l'octroi de 150 à 200 milliards de centimes sous forme de crédits, de prêts à des investisseurs, commerçants, hommes d'affaires et particuliers. Cette audition qui se poursuivra, aujourd'hui (samedi), a déjà permis au juge d'instruction du tribunal de Khemis Miliana de mettre sous mandat de dépôt l'ex-directeur de cette agence, B. M. pour détournement de deniers publics, mauvaise gestion, faux et usage de faux, alors que l'ex-caissier, T. A., a été, également, mis sous mandat de dépôt pour complicité. La genèse de l'affaire de la BNA, qui est au centre de toutes les discutions, a été mise au jour au mois de juillet 2003 par des contrôleurs de la direction générale de la BNA et les services de sécurité suite à une plainte de clients sur l'utilisation de leurs comptes bancaires à leur insu. Selon des personnes auditionnées, il y aurait trois catégories de clients ayant bénéficié de crédits. Une catégorie remplissant tous les critères, avec les hypothèques adéquats et qui, actuellement, honore tous les engagements de remboursement ; la deuxième catégorie, des clients ayant bénéficié de crédits avec des critères peu convaincants et qui n'arrivent pas à respecter les échéances de remboursement. Ces derniers ont été sommés de rembourser dans des délais très courts. La troisième catégorie des clients ayant bénéficié des crédits sans présenter de garanties est actuellement dans l'impossibilité d'opérer le moindre remboursement. On parle aussi de l'utilisation de chèques de cavalerie, de prêts de complaisance, de l'utilisation de comptes de certains clients à leur insu. D'autres sources avancent que cette affaire sera probablement traitée par la cour de Chlef au vu de l'ampleur de la somme des crédits alloués, tout en mettant en exergue l'absence de contrôle rigoureux de la direction régionale et de la direction nationale de la BNA. Alors qu'aucune source du tribunal ou des services de sécurité n'a daigné se prononcer sur le préjudice subi par la BNA, arguant du secret de l'instruction, on avance le chiffre de 116 milliards de centimes non encore récupérés par la BNA. Suite à cette première “secousse” de la justice, des clients ayant acquis des prêts et n'ayant pas honoré les échéances de remboursement nous ont fait part de leur volonté de vendre certains de leurs biens (camions, villas, logements, commerces) pour se mettre en conformité avec la banque et la loi. D'autres auront de nouvelles échéances de remboursement, selon des accords avec les responsables de ladite banque sous caution de la justice. Cette énième affaire bancaire, qui a été sujette à une longue investigation, trouvera son épilogue au niveau de la justice. En attendant, l'ex-directeur et l'ex-caissier ont déjà passé trois nuits en prison. M. B.