Elle est l'une des quatre femmes à présider une commission sur les huit que compte l'APW. La présidente de la commission jeunesse, sport, culture et tourisme s'avère aussi une militante dévouée pour la sauvegarde de La Casbah. Lors de la session ordinaire du 20 février, consacrée à l'étude du projet du budget prévisionnel primitif de l'année 2005, cette commission a recommandé de respecter les délais réglementaires, conformément à l'article 143 de la loi 90-09, relative à l'administration locale (commune, wilaya). D'autres recommandations ont été émises au sujet de la définition de la nature juridique du terrain d'assiette, destiné à la réalisation d'un projet de wilaya, et de faire accompagner les projets de tous les documents y afférents (structure exécutive, nature juridique du terrain, partie gérante, partie bénéficiaire, délai de réalisation, coût ou estimation financière). Dans le souci d'éviter le gel des fonds, la commission a également recommandé de ne pas intégrer le montant consacré à l'étude dans le montant de la réalisation. Comme elle a fait observer qu'il fallait distinguer les travaux d'aménagement de ceux de l'équipement, ainsi que de l'étude et de la réalisation. Le budget primitif prévoit un certain nombre de dotations et d'équipements, à savoir une bibliothèque à Bentalha, un centre culturel à Tessala El-Merdja et l'achat de livres. Dans le volet réhabilitations, le Nadi Taraqui coûte 172 millions de centimes, le palais Hassen Pacha 3,2 milliards, le confortement du palais El-Hamra 600 millions, les fontaines 600 millions, les pavés 2,5 milliards, les façades 2,5 milliards, la restauration de la mosquée Ali-Betchine 1,2 milliard, les travaux de réhabilitation de l'ancienne APC d'El-Harrach, considérée comme un patrimoine historique, coûteront 1,450 milliard. Dans le chapitre jeunesse et sports, le fonds de la wilaya d'Alger contribue avec 3 milliards, comme subvention aux clubs ayant eu des titres, 2 milliards pour les associations culturelles, 200 millions pour les activités culturelles dans les écoles. Cependant, Mme Lardjane, en dépit de son tempérament de battante, déplore une marginalisation déguisée à l'égard de la commission qu'elle préside. Citant le volet culture, dont la mission de la direction est d'impulser une politique ambitieuse, elle fera savoir qu'il y a un manque flagrant de moyens. “Le budget est insuffisant pour permettre une prise en charge adéquate”, confiera-t-elle. Elle parlera des salles de cinéma qui nécessitent une totale rénovation, des 63 centres culturels, dont 17 seulement dépendent de la direction citée, alors que 46 sont gérés par les APC. “Avec toute la bonne volonté, dont nous sommes animés, il faut dire qu'on ne nous associe pas. Il y a trop d'intervenants pour pouvoir imposer une quelconque discipline”, avoue notre interlocutrice, qui, au passage, met le doigt sur le flou qui entoure la réglementation en la matière. Pour elle, il y a des contradictions qui font que l'interprétation est biaisée. “Nos prérogatives ne sont pas claires”, martèle-t-elle. Mais il faut reconnaître que ces inputs sont loin d'altérer la volonté de cette dame obstinée à concrétiser beaucoup de programmes (culturels dans les écoles, opérations d'extension et d'ouverture de cimetières). Parallèlement, la commission que préside Mme Lardjane lance un projet de communes pilotes. Quatre communes sont choisies pour servir d'expérience, à savoir : Gué de Constantine (hygiène de la ville), Staouéli (préservation du littoral), Reghaïa (pollution industrielle) et Sidi M'Hamed (espaces verts). Elles ont été retenues par les spécialistes de l'Agence urbaine pour la promotion, le développement et la protection du littoral (PPL). Des moyens et de la volonté pour sauver La Casbah Le 3 janvier 2001, un arrêté de création d'une cellule fonctionnelle chargée des opérations de réhabilitation, de sauvegarde et de gestion urbaine de La Casbah d'Alger a été signé par le wali d'Alger. Afin de sauvegarder ce patrimoine, plusieurs actions ont été menées : la wilaya d'Alger a dégagé des enveloppes financières successives, d'un montant global de 557 111 064,10 DA, qui ont pris en charge neuf palais qui représentent une grande importance sur le plan architectural et archéologique. Il s'agit des palais Mustapha Pacha, Dar Essouf, Dar El-Kadi, Dar El- Hamra, la Maison du millénaire, le palais Hassen Pacha. Trois autres palais sont occupés par différents organismes (palais Dar Aziza, palais Khedaoudj El-A'mia et le palais Ahmed Bey). En outre, des études de travaux ont été lancées, en parallèle, pour la réhabilitation de la voirie, des réseaux d'assainissement et AEP au niveau de Sidi Ramdane et Souk El-Djemaâ. Il y a également la restauration des lieux de culte : mausolée Sidi Abderrahmane, mausolée Sidi Hellal, la toiture de la mosquée Sidi Ramdane. Dans le cadre du relogement, 713 familles ont été bénéficiaires. “Toutefois, il y a lieu de savoir que ces sommes colossales et les efforts entrepris restent en deçà de la meilleure prise en charge qui soit. Procéder par îlot, comme on le fait actuellement, demande du temps, ce qui incite à l'occupation de chaque site restauré, car, à défaut, il risquerait de connaître la situation antérieure”, dira Mme Lardjane. Pour elle, seule une volonté politique et de gros moyens seront à même de régler le problème de la vieille cité. A. F.