Un rassemblement s'est tenu, hier, en début d'après-midi, au square Port-Saïd, en face du Théâtre national d'Alger (TNA), en hommage aux victimes du 5 Octobre 1988. Malgré la présence très remarquée et intimidante de policiers, de fourgons et de voitures de la Police, des militants du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), initiateur du sit-in, ainsi que des représentants d'associations de femmes, ceux de l'organisation des victimes disparues pendant la décennie sanglante et des citoyens, ont occupé les lieux pendant près d'une demi-heure, en rouvrant une des pages tragiques de notre histoire post-indépendance, qui a coûté la vie à des centaines de citoyens. "Le RAJ a toujours commémoré la journée du 5 Octobre, où le sang a été versé, par devoir de mémoire. Parce qu'un peuple qui ne connaît pas son histoire ne peut pas construire son avenir", a déclaré le président de l'association des jeunes, Abdelouhab Fersaoui, avant la minute de silence. Faisant face aux participants, dont certains portaient des pancartes appelant à "la liberté de conscience", au respect des "droits de l'homme" et des "libertés démocratiques", à "la paix", à "l'égalité" et à "la justice sociale", il a déploré la timidité affichée sur les événements d'Octobre 88, par les partis politiques, les syndicats, les associations et même la presse, alors que les "sacrifices" des victimes sont à l'origine de l'avènement du pluralisme politique et de l'ouverture du champ associatif. Il a également reproché à l'Etat de ne pas s'intéresser, "aujourd'hui à ce qui s'est produit après l'Indépendance", en manifestant son attachement à un "Etat de droit et fort" et à la construction d'une République "démocratique et sociale". "Nous sommes revenus au point zéro, 28 ans après les événements d'octobre", a constaté M. Fersaoui, non sans alerter sur "la remise en cause des libertés individuelles et collectives". L'intervenant a ensuite lancé un appel à "toutes les forces vives" du pays, les invitant à poursuivre "leurs efforts pour mettre les jalons du processus démocratique". Il a en outre proposé que la journée du 5 octobre soit décrétée "Journée nationale pour la démocratie", ainsi que "la reconnaissance du statut des victimes". Un autre membre du RAJ est intervenu pour lire la déclaration de l'association organisatrice du rassemblement. Une déclaration réaffirmant les positions plaidées par le président du RAJ et tirant la sonnette d'alarme quant aux risques d'une "explosion sociale", justifiés par "la crise politique, économique et sociale", les "feuilletons de la corruption", le "contexte délétère" et le "délitement des institutions". À la fin, les personnes présentes au sit-in se sont dispersées dans le calme, sous le regard vigilant des éléments du service d'ordre, qui sont restés en retrait. H. Ameyar