Après des études en architecture, en histoire, et un passage en tant que professeure à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, il était tout à fait naturel pour Dalila Ouzidane de consacrer une étude, suivi de la publication d'un beau livre de 261 pages, intitulé Aqueducs, fontaines, puits, citernes (éditions Dalimen), consacré aux eaux d'Alger et leur organisation sous la régence ottomane. Accompagné de nombreuses photos, plans et statistiques sur le grand Alger, ce beau livre retrace ainsi l'histoire, la gestion et le développement de l'hydrosphère de la capitale, du 16e jusqu'au 19e siècle. Aussi, dès le premier siècle de la régence ottomane à Alger, la ville se voit transformer : quatre aqueducs et un système d'égout de type unitaire sont construits. Alger prospère, tandis que sa population s'accroît de manière exponentielle. L'auteure présente pour commencer ce bel ouvrage, une étude du site d'Alger et son réseau hydrographique. Elle s'est pour ce faire intéressée en premier lieu à l'imaginaire et au folklore de l'eau, et les appellations des anciens puits dans les rituels algériens, des fontaines et des cours d'eau, devenus invisibles aujourd'hui. Parmi les anciennes sources sacrées, l'auteure nomme celle de Aïn Sidi Ali Az-Zwawi. Cette source, du nom du saint ou wali Sidi Ali Zwawi dont le mausolée se dressait hors de la porte de Bab Azzoun, draine de nombreux pèlerins, et pour cause, autour de la chapelle du saint existait une source abondante aux eaux gratifiées de nombreuses vertus. Beaucoup de nos traditions berbères sont également dédiées à l'eau et à sa célébration, comme le sacrifice d'un bouc noir égorgé sur la margelle du puits par les puisatiers de Salé (Maroc) quand la nappe est atteinte, ou encore l'offrande d'un coq ou d'un taureau à Sidi Bel-Abbès. Le puits sacré chez les musulmans, Bir Zemzem, tient lui aussi une place considérable. Cette source miraculeuse, qui jaillit dans le désert, rappelle l'auteure, et dont les pèlerins rapportent à ce jour un peu de son eau, est considérée comme miraculeuse, voire magique, et aurait la faculté de guérir toutes les maladies. L'architecte dresse ensuite un état des lieux de la capitale et ses caractéristiques, où il est tour à tour question de sa pluviométrie, de son hydrographie, ou encore de sa géologie. Ainsi, l'auteure note que l'apport en eau dans le nord de l'Algérie provient des ruissellements abondants après les précipitations. Quant au réseau hydrographique d'Alger, il est régi à cette période par les cours d'eau naturels constitués de cinq oueds, alimentés principalement par les eaux pluviales, comme oued Ben Lezhar au nord-nord-ouest de la ville, oued Knis, oued El-Harrach, oued Djezma et oued Kerma. Dalila Ouzidane présente par la suite les quatre grands aqueducs de la capitale construits par les Ottomans, de 1518 à 1620. Ainsi, ceux du Télemly, de Birtraria, du Hamma et Aïn Zeboudj. De ces structures naissent de nouvelles canalisations qui courent sous les rues, alimentant les diverses fontaines publiques, d'ablutions, au niveau des mosquées, des casernes et palais, mais aussi des hammams. Tandis que l'assainissement de la médina était assuré par un réseau d'égouts de type unitaire. Cet ouvrage, par le soin apporté aux explications et le détail des informations, s'adresse aux spécialistes comme au grand public, tant la méthodologie et les termes utilisés par l'auteure sont simples mais concis. Aussi, les amoureux de l'histoire de l'Algérie sous occupation ottomane pourrons découvrir un autre aspect de la ville et ses structures hydrographiques qui ont à tout jamais révolutionné et changé le visage de la capitale. Yasmine Azzouz Beau livre Aqueducs, fontaines, puits, citernes, de Dalila Ouzidane, 216 pages. Editions Dalimen. 2016