L'éviction-démission d'Amar Saâdani des commandes du FLN n'aura pas laissé indifférente la population d'Annaba, ni celle de Constantine. En effet, l'annonce officielle du départ du tonitruant secrétaire général de ce parti politique était au cœur des discussions de la rue annabie. Comme de coutume, à l'occasion de grands événements politiques ou autres, sur les terrasses du Cours de la Révolution, l'information, faisant état de la démission de celui qui était considéré comme l'homme fort du moment, est analysée, décortiquée même. S'il est évident que le départ d'Amar Saâdani n'attriste personne au sein de la population, du simple fait qu'il a été et demeure un parfait inconnu pour les habitants de la wilaya, comme pour ceux de la wilaya de Constantine, la désignation de Djamel Ould Abbes à sa place ne provoque pas d'enthousiasme non plus. Pour le simple homme de la rue, le nouveau patron du FLN, qui est considéré plutôt comme un technocrate, un ex-ministre et non comme un ténor de la politique, n'est pas celui qui pourra redorer le blason terni de ce parti. Nombreux sont ceux parmi les citoyens qui estiment que c'est carrément une mission irréalisable que l'on a confiée à Djamel Ould Abbes au vu du désordre et de la démobilisation qui caractérisent les structures de base du parti. Il a été impossible par contre de recueillir les impressions des élus ou encore des militants de ce parti, qu'ils soient pro ou anti-Saâdani, sur ce qui s'est passé samedi, au niveau du comité central du FLN à Annaba. Les téléphones des plus connus d'entre ceux-ci, y compris ceux de Baha Eddine Tliba et de Farouk Djeraïa, dont on sait à Annaba les accointances avec Saâdani, sont restés désespérément fermés. À Constantine, les réactions des responsables du FLN, qui ont bien voulu s'exprimer sur la démission d'Amar Saâdani, sont pour le moins ambiguës. Ceux-ci concèdent à celui-ci le droit de se décharger de sa fonction de SG à n'importe quel moment, sans avoir à se justifier, mais se disent en même temps surpris qu'il ait pris la décision de céder les rênes du parti aussi inopinément. C'est du moins ce que nous a déclaré Ahmed Kharchi, député et mouhafedh du parti. De son côté, Driss Meghraoui, ex-mouhafedh, n'a pas hésité à exprimer son soulagement après cette démission. "On savait depuis quelques jours déjà qu'il allait partir. Les raisons qu'il a invoquées — son état de santé — sont une excuse, Amar Saâdani a été poussé à la sortie", nous a déclaré M. Meghraoui. Et d'ajouter : "Même quelques-uns de ses partisans se sont réjouis de son départ." A. A./I. B.