L'envoyé spécial du secrétaire général pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, envisage une nouvelle tentative pour une sortie de crise dans le pays, après un rejet d'une proposition de paix par le gouvernement. L'envoyé spécial a prévu de retourner dans la région immédiatement pour entamer des consultations avec les parties, à la fois à Sanaa, au Yémen, et à Ryadh, en Arabie saoudite, dans le but de parvenir à un accord détaillé sur la base de la "feuille de route", estimant qu'il "est maintenant de la responsabilité des délégations de faire de la paix la priorité." Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a annoncé, lundi, qu'il allait reprendre des consultations après le rejet de son plan de paix par les belligérants et qu'il espérait "un règlement complet dans les prochaines semaines." Le médiateur de l'ONU a indiqué au Conseil de sécurité qu'il allait "retourner immédiatement dans la région pour entamer des consultations avec les deux parties à Sanaa et Ryadh." Il a reconnu "avoir été informé, de manière officieuse, que les parties avaient rejeté la feuille de route" mais s'est prévalu d'un "large soutien de la communauté internationale" à ses propositions. Celles-ci, a-t-il précisé, incluent "la création de comités militaires et de sécurité qui superviseraient les retraits et le dépôt des armes à Sanaa, Hodeidah et Taez", ainsi que "des arrangements politiques intérimaires", notamment la nomination d'un nouveau vice-président et la formation d'un "gouvernement d'union nationale" menant finalement à des élections. Cette feuille de route est, selon le médiateur, "conforme à la résolution 2216 de 2015", ce que conteste le gouvernement yéménite. Le gouvernement yéménite a rejeté un plan de paix proposé par l'ONU visant à initier un dialogue politique pour mettre fin au conflit qui ravage le pays, au moment où la coalition arabe poursuit ses raids contre les rebelles du mouvement houthi armé. Invitant récemment les belligérants à "faire des concessions pour sortir de la crise", M. Ould Cheikh Ahmed estime que "la poursuite de la guerre ne servira personne. La solution ne peut être que politique", soulignant que son plan de paix "bénéficie d'un soutien international sans précédent." Les négociations, pour le règlement de la crise au Yémen sont dans l'impasse depuis leur arrêt le 6 août après plus de trois mois de discussions infructueuses à Koweït, sous l'égide de l'ONU. Une trêve de 72 heures, initiée par le médiateur de l'ONU et violée dès son entrée en vigueur jeudi dernier, n'a pu être prolongée malgré l'insistance de l'émissaire onusien.
Une situation sécuritaire et humanitaire catastrophique Dans un exposé lundi devant les membres du Conseil, M. Ould Cheikh Ahmed a estimé que "la situation sécuritaire était catastrophique et que la situation humanitaire continuait de se détériorer malgré les efforts des agences humanitaires." "Le comportement des parties prenantes sur le terrain est contraire aux engagements qu'elles ont pris précédemment de participer pleinement et de façon constructive au processus de paix sous la médiation de l'ONU", a-t-il dit, selon un communiqué de l'ONU. De son côté, le chef de l'humanitaire de l'ONU, Stephen O'Brien, a réclamé une nouvelle fois une solution politique au Yémen, à commencer par une cessation immédiate des hostilités. "Chaque jour que cette guerre continue, ce sont les civils qui souffrent", a déclaré M. O'Brien devant les membres du Conseil de sécurité. Il a rappelé que 80% des Yéménites, soit 21,2 millions de personnes, ont besoin d'une forme d'aide humanitaire. "Les acteurs humanitaires sont invités à remplir le vide laissé par l'absence du pouvoir politique, mais cela ne constitue pas une solution viable", a-t-il ajouté. "Depuis l'effondrement de la cessation des hostilités en août, les Yéménites à travers le pays, dans les zones contrôlées par les différentes factions en guerre ou pas, ont subi des attaques quasi quotidiennes contre les civils, les institutions civiles et les infrastructures publiques", a-t-il encore dit. Selon lui, les travailleurs humanitaires ne peuvent pas faire leur travail en raison des intimidations et du harcèlement qu'ils subissent de la part des forces armées houthies. "Le conflit dure depuis trop longtemps. Il est grand temps que les parties prenantes fassent de la population yéménite la priorité et parviennent à un règlement pacifique afin de sauver ce qui reste de l'infrastructure, de l'économie et des services sociaux du pays", a encore dit M. O'Brien. Selon lui, l'effondrement du pays aurait des conséquences dangereuses non seulement pour le peuple yéménite, mais pour toute la région. Le Yémen est déchiré par une guerre civile qui oppose les Houthis, alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, aux forces gouvernementales loyales à M. Hadi, soutenues par une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite. Le conflit, qui a généré une grave crise humanitaire, a fait près de 7 000 morts et causé le déplacement d'au moins trois millions de personnes. APS