Le secrétaire général du FLN s'est prononcé pour l'apaisement en Kabylie tout en évitant de trancher la question du retrait de ses élus locaux de la région. Le tout nouveau secrétaire général (SG) du FLN et néanmoins ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a choisi hier le cadre du Forum du journal arabophone El Yaoum pour sa première sortie médiatique depuis la tenue du VIIIe congrès bis de son parti, organisé fin janvier dernier à Alger. Abordant plusieurs questions d'actualité nationale en réponse aux multiples sollicitations de la presse, Abdelaziz Belkhadem a d'abord apporté des clarifications sur le dossier relatif au retrait des élus locaux de la région de Kabylie. Interrogé sur sa réaction par rapport à la décision d'Ahmed Ouyahia, le secrétaire général du RND mais également Chef du gouvernement, de retirer ses élus de la Kabylie, l'intervenant a précisé : “Nous avons assisté à une démarche partisane dans laquelle le RND a demandé à ses élus de se retirer.” Autrement dit, cette décision n'engage en rien “les autres partis de la coalition gouvernementale”, a noté Belkhadem. Quid des négociations menées par Ouyahia avec le mouvement des archs ? “Ouyahia s'est engagé en tant que Chef du gouvernement par rapport à cette question dans l'objectif d'arriver à un apaisement dans la région de Kabylie”, a encore expliqué l'orateur. Evoquant la position du FLN quant au retrait des élus locaux, Belkhadem qui dit soutenir “toute initiative d'apaisement dans cette région”, a indiqué que sa formation n'a pas encore pris de décision à ce sujet. “Nous devrons d'abord engager la concertation au sein des instances du parti et également réunir nos élus locaux avant de trancher”, a-t-il dit en substance. Quel est le rôle du ministère de l'Intérieur dans le retrait des élus ? “Le ministère de l'Intérieur ne sera partie prenante que s'il y a un décret de dissolution des assemblées locales élues”, a-t-il noté. L'état de l'alliance présidentielle a été également au centre des interrogations à la lumière de la nouvelle donne, à savoir la décision du RND : “Nous ne formons pas un nouveau parti, c'est une alliance de trois partis. Chaque parti reste souverain dans ses prises de décisions et en aucun cas la décision d'un parti ne peut être fatalement celle des autres. Le RND a retiré ses élus, il y a d'autres partis qui vont suivre et d'autres qui ne le feront pas”, a-t-il relevé. Interrogé aussi sur les voix qui s'élèvent de plus en plus au sein du FLN pour revendiquer le poste de Chef du gouvernement occupé actuellement par le RND, Belkhadem a déclaré que “le fait que la chefferie du gouvernement soit occupée par le RND ne nous porte pas préjudice”. Son argument est que le FLN avait dans un passé récent occupé ce poste alors qu'il n'était pas le parti de la majorité. Répondant par ailleurs à Ahmed Ouyahia, qui a récemment déclaré que les courtisans et les opportunistes allaient se bousculer pour soutenir le projet de l'amnistie générale, Belkhadem a martelé sur un ton grave : “Nous ne voulons concurrencer personne et nous n'avons peur de rien. Nous voulons être à l'avant-garde de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale,” et d'ajouter : “Et cela n'a pas commencé en 1999 mais bien avant car nous croyons en cette réconciliation et amnistie.” Quel contenu pour l'amnistie générale ? Le conférencier a souligné que “nous avons soutenu Bouteflika quant il était candidat en 1999 à la magistrature suprême et nous avons adhéré à sa démarche de concorde civile sur la base d'une philosophie. À présent, nous ne pouvons qu'adhérer pleinement à tout ce qui est présenté par le président de la République sous le chapeau de l'amnistie générale et de la réconciliation nationale”. À la question de savoir pourquoi la nécessité d'une amnistie générale maintenant alors qu'elle ne fait pas l'objet d'une demande pressante de quelque parti qu'il soit, Belkhadem a estimé : “Puisque la classe politique adhère, c'est qu'il y a une demande !” La présidence à titre honorifique du FLN par le chef de l'Etat a eu sa part dans le lot des questions. Concernant les éventuelles incidences de ce titre sur le parti, Belkhadem a fait observer : “Il n'y a qu'à lire les statuts du FLN pour comprendre. Ces statuts indiquent que le président de la République peut convoquer le conseil national du FLN et le présider tout comme il peut appeler à une session extraordinaire du conseil national”. “L'acceptation du président de la République nous honore au plus haut point au FLN”, a-t-il tenu à souligner. Au chapitre des questions internationales, la Ligue arabe et la lutte contre le terrorisme ont été abordées. “Toute personne, qui n'a pas les mains tachées de sang, peut revenir et elle est la bienvenue au pays”, a répondu, tout de go, le membre du gouvernement à une question relative aux “Afghans algériens” désireux de rentrer en Algérie. Evoquant les armes nucléaires, l'intervenant a souligné le soutien de l'Algérie au traité de la non-prolifération des armes nucléaires. Sur le dossier du Sommet de la Ligue arabe prévu les 22 et 23 mars prochains à Alger, Belkhadem a qualifié ce rendez-vous “d'exceptionnel”. Et pour cause, “il permettra pour la première fois depuis 60 ans d'amender la Charte de la Ligue arabe”, a-t-il dit, tout en soulignant l'importance des questions qui seront à l'ordre du jour de cette rencontre. L'intervenant a cependant révélé que la question de la présidence de la Ligue arabe ne sera pas à l'ordre du jour du Sommet d'Alger : “Amar Moussa avait raison en indiquant que cette question ne se posera pas cette fois-ci. Elle sera par ailleurs à l'ordre du jour en 2006”, a affirmé Belkhadem. Ce dernier croit énormément en la réforme de la Ligue arabe. Selon lui, “le plus important dans cette réforme est de revoir le mode électoral qui était jusque-là basé sur le consensus”. “Il y a des Etats qui ont voulu reporté cette question du mode électoral après le Sommet d'Alger, je leur ai expliqué qu'éliminer cette question de l'ordre du jour viendrait à vider le Sommet d'Alger de sa substance”. “Ce n'est pas possible que 22 pays soient d'accord sur tout”, a-t-il argumenté. Evoquant la présence des présidents syrien et libanais au Sommet d'Alger, il a indiqué que les deux chefs d'Etat ont confirmé leur venue soulignant, en outre, que l'Algérie soutient les accords internationaux s'agissant du retrait des troupes syriennes du Liban. Quant à l'invitation du président tunisien adressée récemment au Premier ministre israélien, Ariel Sharon, Belkhadem a dit que “c'est une rencontre internationale sous l'égide des Nations unies, et le pays qui invite est souverain”. N. M.