Avec une charge-sinistre qui progresse au moins 12 fois plus rapidement que la production et une cadence de règlement qui est faible, le secteur des assurances en Algérie court-il vers l'insolvabilité ? La question mérite d'être posée. Selon le rapport d'activité de la Direction générale des assurances, en 2015, les indemnisations ont progressé de 15% correspondant à une hausse de 9,2 milliards de dinars, avec 66% ayant concerné la branche automobile. Cette branche demeure celle enregistrant le plus de sinistres, en raison de l'accroissement du nombre d'accidents de la circulation automobile et, par conséquent, des déclarations de sinistres. Le montant des règlements au titre de cette branche a augmenté de 44,7 milliards de dinars en 2014 à 47,2 milliards de dinars en 2015. Occupant le deuxième rang, la branche "dommages aux biens", avec un montant de 16,6 milliards de dinars, représente une part de 23% du montant des sinistres réglés par le marché. Quant aux assurances de personnes, le niveau des indemnisations occupe une part de 5% dans la structure des règlements du marché. Ce montant est passé de 2,7 milliards de dinars en 2014 à 3,2 milliards de dinars en 2015. Exprimant le niveau d'engagement des compagnies d'assurance vis-à-vis de leurs assurés, les provisions techniques ont augmenté de 3,6 milliard de dinars, soit 3% en 2015 par rapport à l'année écoulée. "Cette légère augmentation est due essentiellement au recul enregistré par la provision pour participation aux bénéfices techniques et financiers de 50%. Elle passe de 216 millions de dinars en 2014 à 108 millions de dinars en 2015", explique le rapport, qui évoque également une progression des provisions pour sinistre à payer de plus de 2,2 milliards de dinars. Alors que la charge sinistre a augmenté de plus de 10 milliards de dinars, la production, elle, n'a progressé que d'environ un milliard de dinars. En plus, certaines sources évoquent un nombre effarant de sinistres en stock. Elles avancent même le chiffre de 5 millions de dossiers. Un chiffre difficile à confirmer. Selon la note de conjoncture du Conseil national des assurances, le stock des sinistres à payer au premier semestre 2016 s'élève à 73,4 milliards de dinars, en hausse de 2,9% comparativement au premier semestre 2015. Au titre des assurances de dommages, le montant du stock de sinistres est de 70,5 milliards de dinars, dont 35,8 milliards au titre de la branche automobile, soit une part de 50,7% du total restant à payer. Selon la Direction des assurances, les taux minimums de la marge de solvabilité sont respectés par toutes les sociétés d'assurance et de réassurance. Ces dernières affichent des taux supérieurs aux taux réglementaires. "Au titre de l'exercice 2015, la marge de solvabilité, toutes sociétés d'assurance directe confondues, a enregistré une évolution de 7% par rapport à 2014. Elle passe de 109,2 milliards de dinars en 2014 à 116,7 milliards de dinars en 2015", lit-on dans le rapport d'activité. Avec un montant de 141 milliards de dinars, le niveau de la marge de solvabilité (y compris la CCR) représente 95% de la production, soit 5 fois le minimum réglementaire et 93% des provisions techniques, soit 6 fois le minimum réglementaire. Meziane Rabhi