Alors que la France commémore le premier anniversaire des tragiques attentats de Paris du 13 novembre 2015, la Russie affirme avoir déjoué des projets d'attaques de la même ampleur à Moscou. S'agit-il d'une tentative de Daech de faire diversion ou de s'implanter durablement en Europe et dans la vaste Fédération de Russie ? L'organisation autoproclamée Etat islamique en Irak et en Syrie (EI/Daech) semble se chercher une nouvelle issue pour faire face à ses cinglante défaites dans ces deux pays et à l'étau qui se resserre autour de sa branche libyenne à Syrte, en tentant de mener des attaques d'envergure sur le sol russe et dans d'autres pays du Vieux continent. C'est ce qu'illustrent du moins les révélations des autorités moscovites qui ont affirmé hier que les dix terroristes arrêtés samedi à Moscou et Saint-Pétersbourg, sont liés à Daech, selon les médias locaux. Les individus interpellés préparaient des attentats similaires à ceux qui ont frappé la capitale française le 13 novembre 2015 et qui avaient fait 130 morts et pas moins de 300 blessés. C'est du moins ce qu'a affirmé le journal gouvernemental Rossiïskaïa Gazeta en citant des sources des services de sécurité russes. Celles-ci ont indiqué que les personnes arrêtées "planifiaient des attaques terroristes similaires au scénario de Paris". Selon le quotidien : "Plusieurs engins explosifs devaient exploser simultanément dans des lieux très fréquentés. Au même moment, dans plusieurs quartiers de la ville, certains terroristes (...) devaient ouvrir le feu à l'arme automatique sur la foule." Cela corrobore les informations données samedi par le Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB), lequel avait annoncé avoir arrêté dix ressortissants de pays d'Asie centrale liés au groupe terroriste autoproclamé Etat islamique, qui planifiaient "une série d'actes terroristes et de sabotage à Moscou et à Saint-Pétersbourg". Il y a lieu de signaler que l'opération a été menée conjointement avec les forces de sécurité du Tadjikistan et du Kirghizstan, deux ex-républiques soviétiques d'Asie centrale à majorité musulmane. Un millier de Tadjiks et environ 500 Kirghizes combattent dans les rangs de l'EI en Syrie et en Irak. Mais ce n'est pas tout. Le service fédéral de renseignement allemand (BND) a aussi révélé que Daech continue d'envoyer ses éléments sur le sol européen, dans les rangs des réfugiés syriens, ont rapporté les médias allemands, alors que la France commémorait hier le premier anniversaire des attentats de Paris. Selon le BND, "Daech apprend à ses terroristes à se fondre parmi les réfugiés et à ne pas se faire remarquer. Les djihadistes s'entraînent également en vue des interrogatoires et de leurs démarches futures visant à obtenir le statut de réfugié", lit-on encore. Le journal Welt am Sonntag a indiqué que neuf des membres du commando qui a commis les attaques de Paris (13 novembre) s'étaient fait passer pour des réfugiés syriens, citant des sources du BND. Ces informations ont pu être vérifiées par les enquêteurs belges sur les appareils informatiques de Najim Laachraoui et d'Ibrahim Bakraoui, au lendemain des attaques sanglantes de Bruxelles le 22 mars 2016. Des plans d'attaques du métro parisien et de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol avaient été découverts dans l'appartement bruxellois qui servait de planques aux membres de cette cellule belge. Acculé en Irak et en Syrie, Daech tente de faire diversion mais également de desserrer l'étau sur ses membres à Mossoul et à Raqqa où les forces régulières locales, appuyées par les milices et les avions de la coalition internationale ont fait subir des pertes importantes aux troupes d'Abu Bakr al-Baghdadi. Ce dernier aurait quitté l'Irak pour une destination inconnue, même si certaines informations indiquent qu'il est en route vers la Syrie. Outre cette tentative d'implantation sur le sol européen et russe, Daech semble vouloir occuper le terrain perdu par Al-Qaïda en Asie du Sud-Est, notamment en Afghanistan et au Pakistan, tandis qu'en Indonésie, en Philippines et en Malaisie, ce sont plutôt des groupuscules islamistes qui cherchent à se mettre sous cette nouvelle bannière pour obtenir une meilleure médiatisation de leur action criminelle. Merzak Tigrine/Lyès Menacer