Quarante-et-un pour cent des joueurs professionnels de la planète ne reçoivent pas leur salaire à temps, selon une étude dévoilée par la Fifpro, syndicat mondial des footballeurs. En Algérie, ce pourcentage atteint facilement les 100%, puisque tous les clubs algériens de Ligue 1 accusent des retards de payement de salaires d'au moins deux mois. Même les équipes les plus riches, à l'instar de l'USMA et du MCA, connaissent ce phénomène en raison notamment d'une politique salariale disproportionnée qui absorbe jusqu'à 70% du budget du club. Il est du reste courant d'entendre des présidents de clubs, ces derniers temps, évoquer le sujet de la rareté des ressources financières et l'absence des aides de l'Etat au moment ou les 16 clubs de ligue 1 réunis dépensent plus de 50 milliards de centimes chaque mois juste pour le payement des salaires, soit une moyenne de plus de 3 milliards de masse salariale mensuelle par équipe. La FAF avait préconisé dans un premier temps de plafonner les salaires à un niveau maximal de 130 millions de centimes afin d'aider les clubs à équilibrer leurs budgets et surtout pour dégager des fonds pour la formation notamment, mais rien n'y fit. Pourtant, au mois de janvier dernier, les présidents des clubs de Ligue 1 professionnelle, réunis avec le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua, ont décidé à l'unanimité de plafonner les salaires des joueurs à hauteur de 130 millions de centimes, applicable à partir de la saison 2016-2017. La FAF avait motivé cette décision par le fait que "les gros salaires accordés aux joueurs restent la source des problèmes financiers touchant les clubs". Mais les présidents de club, faute d'accord final, ont préféré poursuivre leur politique suicidaire. D'ailleurs, tous les clubs ont connu cette année une augmentation de la masse salariale en dépit du fait que la FAF avait décidé de réduire en début de saison le nombre de licences de 25 à 22. Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, avait reconnu cette augmentation des masses salariales en ligue 1 : "Nous avons limité à 22 joueurs les effectifs des clubs cette saison, et ce, dans le souci de diminuer leur masse salariale en ces temps de crise financière, mais il s'est avéré que les dépenses dans ce registre ont plutôt sensiblement augmenté par rapport à l'exercice dernier quand les équipes étaient autorisées à avoir 25 joueurs dans leurs effectifs", a indiqué Kerbadj. Le supplément sport avait en effet révélé, le 1er août déjà, soit à la fin du marché des transferts, que selon les premières estimations recueillies auprès de la Ligue de football professionnel, la masse salariale des clubs de Ligue 1 notamment a encore augmenté d'au moins 30%. "Sauf rares exceptions, la plupart des clubs de Ligue 1 ont vu leur masse salariale augmenter, nous estimons cette augmentation à au moins 30 %, selon les premières constatations que nous avons pu faire sur la base des contrats des joueurs remis à la LFP au jour de la fin du mercato, soit le 28 juillet dernier. C'est exactement l'effet contraire que nous attendions, car pour cette année nous avions plutôt misé et exhorté les clubs à réduire leurs dépenses, notamment en ce qui concerne la masse salariale qui représente parfois jusqu'à 80% du budget de fonctionnement. C'est énorme quand on sait qu'une entreprise viable ne peut pas dépasser un taux de masse salariale de 30%. Nous comprenons vite pourquoi les clubs sont en situation de faillite", avait confié à Liberté un responsable de la LFP. Du coup, d'une manière cyclique, beaucoup de clubs connaissent des moments de tension qui se répercutent négativement sur le rendement de l'équipe. L'exemple du MO Béjaïa est à ce titre éloquent. En raison d'une masse salariale en nette progression, Sonatrach a décidé récemment de couper les vivres au directeur général, Omar Ghrib, sommé d'expliquer cet état de fait. SAMIR LAMARI