Pour la première de son histoire, le continent africain ira à la conquête de l'Organisation mondiale de la santé, grâce à la candidature de l'ancien chef de la diplomatie éthiopienne Tedros Adhanom Ghebreyesus, et non pas moins ancien ministre de la Santé en Ethiopie et éminent chercheur en paludisme. L'élection d'un nouveau directeur général de l'OMS aura lieu en mai 2017. Actuellement, le poste est occupé par le Dr Margaret Chan qui a été élue en 2006, et dont le second mandat se termine le 30 juin prochain. Bien placé pour le poste de directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom bénéficie du soutien des pays africains, dont l'Algérie, dans le cadre d'une démarche soutenue par l'Union africaine. "Je pense que l'Afrique a une chance", a-t-il répondu d'emblée lors d'une rencontre organisée avec la presse au siège de l'ambassade de l'Ethiopie à Alger, en marge de sa visite officielle durant laquelle il a été reçu par le Premier ministre Abdelmalek Sellal en présence du chef de la diplomatie Ramtane Lamamra. Plus qu'une simple ambition personnelle du médecin éthiopien, il s'agit pour Tedros Adhanom de mettre en pratique une autre vision des missions de l'OMS et d'opérer une réforme radicale au sein même de cette institution internationale. "J'ai la passion d'être DG de l'OMS", a-t-il expliqué le pourquoi de sa candidature. "Mais c'est surtout parce que je suis né et que j'ai grandi sur un continent qui continue de souffrir de plusieurs maladie", a-t-il insisté avant de détailler sa stratégie sur ce qu'il fera s'il est élu à la tête de l'OMS. "Mes priorités, si je suis élu, c'est de procéder à une réforme profonde et radicale de l'OMS, de sorte à la rendre efficace. Je veux aussi assurer la santé pour tous, spécialement la protection financière pour ceux qui n'ont pas accès à la santé basique. Il faudra donc adapter les services de l'OMS à tous les pays et répondre efficacement à chaque cas", a expliqué ce médecin qui fait de la protection de la femme, de l'enfance et des adolescents un axe de sa stratégie globale "parce qu'un pays où ce groupe social se porte mal, il ne peut pas avancer et être fort". Cependant, "pour que cette vision se réalise, il faut faire de l'OMS une organisation forte et efficace qui peut répondre aux nouveaux défis pour atteindre les objectifs de développement durable dans le domaine de la santé", a expliqué Tedros Adhanomn, soulignant que "pour ce faire, l'OMS a besoin d'une gestion redynamisée qui combine des compétences requises dans les domaines de la santé publique, de la diplomatie et de la politique pour aborder les défis les plus urgents de l'heure". La prise en compte des changements climatiques figure aussi dans la vision globale qu'il veut ancrer dans les nouvelles missions de l'OMS, a-t-il indiqué, ajoutant qu'il est urgent de se concentrer sur la population et d'inclure la santé dans tous les programmes du développement durable. "La santé doit devenir un droit et tous les pays doivent donner accès à la santé sans discrimination." Pour le conseil du Premier ministre éthiopien, il faut établir un partenariat efficace entre l'OMS et les pays membres de l'ONU et "certaines missions doivent être affectées à d'autres organisations". Pour atteindre de tels objectifs, Tedros Adhanom estime qu'il faut un engagement politique fort de la part de chaque pays. Lyès Menacer