Réunis hier à la mouhafadha de Tizi Ouzou, les élus du vieux parti ont décidé d'aller jusqu'au bout de leur mandat. Les élus locaux du Front de libération nationale refusent de se retirer des assemblées locales de Kabylie. La résolution a été adoptée à l'unanimité lors d'une assemblée générale des élus tenue hier au siège de la mouhafadha de Tizi Ouzou. Les présents à la réunion à huis clos, présidée par le député Akli Bourkache, justifient leur refus de remettre leur mandat d'élus par le fait que les partisans de leur révocation n'avancent aucun argument juridique qui tienne la route. “Nous refusons de partir des Assemblée élues pour plusieurs raisons : d'abord les résultats des élections ont été validés par le Conseil constitutionnel. Ensuite, aucune loi ne fixe de seuil minimum pour valider une élection et, enfin, il ne faut pas oublier que les citoyens avaient été empêchés de voter”, tente d'argumenter un élu présent à la réunion d'hier. D'un point de vue purement politique, pour ce dernier, la révocation des élus, ou des “indus élus” selon la formule consacrée, est loin de constituer une solution à la crise de Kabylie. “Le FLN n'est pas contre le règlement de la crise de Kabylie, mais nous pensons sincèrement que le retrait des élus ne constitue nullement une solution. Et puis d'abord, pourquoi maintenant ?” s'interroge le même interlocuteur. Celui-ci, un élu APW, fait peu cas de la déclaration du Chef du gouvernement qui a affirmé vendredi dernier qu'il fera partir les élus avec leur consentement ou par la loi. “Quelle loi ? La même qui a permis notre installation en validant les élections locales ? Non, désolé, cela ne va régler rien du tout, si ce n'est que ce coup de poignard dans le dos de la Constitution va ajouter au discrédit de l'Etat”, fera-t-il encore remarquer, avant d'ajouter que l'Exécutif en agissant de la sorte ne fera que tordre le cou aux lois qu'il est pourtant censé faire respecter. L'ex-parti unique compte quelque 126 élus, dont 13 au niveau de l'APW, et contrôle pas moins de 6 APC et pas des moindres, en l'occurrence Azazga, Draâ El-Mizan, Draâ Ben Khedda, Tizi Gheniff, Iflissen et Irdjen. Les élus FLN envisagent d'alerter l'opinion publique par le biais d'une déclaration qu'ils comptent rendre publique aujourd'hui. Pour sa part, le FFS, qui contrôle la majorité des assemblées élues en Kabylie, a déjà tranché la question en refusant de remettre les mandats de ses élus. Réunis en assemblée générale mardi dernier à Larbaâ Nath Irathen, les élus de la formation de Hocine Aït Ahmed ont exclu d'emblée une telle éventualité. “Ce n'est ni le retrait de certains élus, ni la dissolution des instances élues, ni même d'autres stratagèmes qui pourraient constituer des couvertures pour l'instauration d'un programme de normalisation autoritaire”, considèrent les élus du FFS, qui ne comptent pas se laisser faire. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, seul le RND a déjà fait démissionner ses 17 élus au niveau des APC. Le parti de Ouyahia est majoritaire dans seulement deux assemblées locales. Il s'agit des APC de Abi-Youcef et d'Akerrou. B. T.