La décision du gouvernement d'organiser des élections partielles en procédant à la dissolution des assemblées locales a été différemment appréciée. Si la base du FLN est partagée entre “disciplinés” et “rebelles”, ce problème ne se pose pas au niveau des autres partis de la coalition, à savoir le RND et le MSP. Au FFS, on continue à considérer la mesure de l'Exécutif “illégale”. Partira, partira pas ? “On attend les directives de la direction du parti”, résume le fédéral Akli Arbouche à propos du retrait des élus FLN. C'est que la question n'est pas du tout tranchée au niveau des structures de l'ex-parti unique. C'est vrai que le député Arbouche semble avoir mis un peu d'eau dans son vin, contrairement aux élus locaux qui, la veille, avaient exclu toute éventualité de retrait des Assemblées élues. Pour étayer son propos, notre interlocuteur se réfère à la déclaration du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, qui n'a pas demandé aux élus de se retirer. “Belkhadem n'a pas demandé aux élus de se retirer des APC et APW. Il nous a demandé de rester en contact et surtout d'élargir la concertation pour laisser mûrir la chose”, affirme M. Arbouche, avant d'ajouter : “Si maintenant le retrait pouvait constituer une solution à la crise de Kabylie, à ce moment-là, la démarche serait justifiée, mais force est de constater que visiblement il n'en est rien.” Répondant au Chef de gouvernement qui a recouru aux statistiques pour justifier le retrait des “indus élus”, notre interlocuteur emprunte la même démarche pour soutenir le contraire : “Si on reste dans l'argumentaire de Ouyahia, l'APC de Draâ Ben Khedda, par exemple, qui a été élue à plus de 25%, ne peut être concernée en aucune manière par le retrait et encore moins par la dissolution, contrairement à certaines APC en dehors de la Kabylie qui ont connu des taux de participation dérisoires.” À Bouira, les élus affirment obéir à une discipline partisane quand bien même ils afficheraient un certain scepticisme. Pour M. Bougara, mouhafadh du FLN et élu APW : “Est-ce que la dissolution des APC et APW est une priorité en cette période ? Pourquoi le litige n'a pas été solutionné depuis 3 ans ? Pour la wilaya de Bouira, seules cinq communes sont concernées et à un degré moindre l'APC d'El-Esnam. Nous ne sommes nullement concernés. Les élections se sont déroulées dans de bonnes conditions, et le taux de participation avait atteint plus de 60%. Il faut souligner qu'il n'y avait pas de région où les élections ne se sont pas déroulées, mais des régions où elles ont été empêchées.” Pour M. Larbi, P/APC de Bouira et élu FLN : “L'intérêt de la nation prime sur l'intérêt personnel. Moi, j'obéis à toutes les décisions qui seront prises par le parti. La question de se retirer ou pas n'est pas encore posée par notre parti. Si elle vient à être traitée, elle doit être dans un cadre organisationnel et soumise à discussion, et l'avis de la majorité l'emportera.” M. Smah, élu RND à l'APW, affirmera pour sa part : “Nous appliquerons toutes les mesures prises par le parti afin d'apaiser la situation en Kabylie.” Il est à noter qu'au niveau de la wilaya de Bouira, les élections ne se sont pas déroulées dans cinq communes (M'chedallah, Ahnif, Taourirt, Saharidj et Aghbalou). Pour la commune d'El-Esnam, les élections avaient été empêchées et les urnes brûlées. Le P/APC a été installé sur la base des boîtes qui ont contenu 250 voix protégées par les services de sécurité dans un centre de vote du centre-ville. Dans les villages limitrophes, leurs urnes ont été toutes saccagées et brûlées. Cependant, à Béjaïa, le ton est plus ferme, les dernières déclarations du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, confirmant la dissolution des Assemblées locales (APC et APW) de Kabylie par décret présidentiel ne semblent pas être l'avis de la quasi-totalité des élus FLN. C'est du moins ce que nous a fait savoir, hier, un membre de la mouhafdha de Béjaïa qui nous informe de la tenue, vendredi prochain, d'une réunion de l'ensemble des élus FLN de la wilaya de Béjaïa au siège de la mouhafdha, afin de débattre de la suite à donner à cette décision de dissoudre les Assemblées locales de Kabylie, prise par le gouvernement. Pour notre source, qui affiche clairement son opposition à la position du SG du vieux parti au recours prôné par le Chef du gouvernement, “la majorité des élus locaux du FLN de Béjaïa ne pourra être que contre la dissolution de ces assemblées”. Il est à noter que sur les 83 élus locaux que compte le FLN dans la wilaya de Béjaïa, seul le maire de la commune de Draâ El-Caïd, M. Menguellati, a fini par rejoindre l'aile de Belkhadem dite “des redresseurs” ; le reste des élus demeure fidèle aux résolutions du 8e congrès du parti qui avait proclamé Ali Benflis comme secrétaire général du FLN. Ce qui explique clairement la position des élus FLN dans la wilaya de Béjaïa. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que les élus locaux du RND se sont déjà retirés des Assemblées locales suite à l'appel de leur secrétaire général, Ahmed Ouyahia. Quant au FFS, qui détient la majorité des Assemblées locales, il campe sur ses positions. “Pas question de remettre notre mandat”, soutient-il. A. D./ K. O.