Austérité L'Algérie vit les derniers jours d'une année égrenée par une série de faits économiques tantôt positifs, tantôt signes d'une dégradation de la situation économique et financière. Pour les clignotants verts, en dépit d'une baisse très importante de ses revenus financiers en raison de la chute des prix du pétrole, l'Algérie a bien résisté en 2016 grâce à deux amortisseurs : le fonds de régulation des recettes, qui a permis de faire face aux dépenses incompressibles, de réduire le déficit du Trésor, et les réserves de change à hauteur de plus de 100 milliards de dollars. Mais ce choc pétrolier, faute d'une diversification suffisante de l'économie nationale, a eu un impact négatif sur l'économie nationale : pour avoir trop pompé dans la caisse de régulation pour faire face à cette crise financière, l'Algérie dira adieu au fonds de régulation en 2017 ; il sera l'an prochain quasi vide. Les réserves de change ont diminué en deux ans de plus de 60 milliards de dollars. Pour faire face à cette dégradation de la situation financière, le gouvernement a mis en place un nouveau cadrage budgétaire entre 2016 et 2019 qui se résume à un gel des salaires de la fonction publique et une réduction importante des dépenses d'équipement, dont les conséquences ont été le gel des nouveaux projets d'infrastructures et des difficultés de paiement des situations de travaux dans le BTP. Le gouvernement a également annoncé en 2016 une loi de finances pour 2017 synonyme d'une augmentation d'une série de taxes dont la principale, l'augmentation de deux points des taux de TVA, aura des incidences négatives sur le pouvoir d'achat de la majorité de la population. L'objectif de l'Exécutif est de renflouer les caisses vides de l'Etat en allant puiser dans la poche du simple citoyen. Ce qui est injuste. Alors qu'il aurait fallu atténuer les effets de la crise sur la population en allant traquer l'argent des surfacturations, de l'énorme évasion fiscale dans l'import-import, l'immobilier et dans le commerce informel. Cette manne que le fisc ne recouvre pas est tellement énorme qu'elle peut à elle seule résorber le déficit budgétaire, du moins le réduire de façon importante, et épargner au contribuable la politique actuelle d'austérité. Fin 2016, les prix du pétrole s'approchent de la barre des 60 dollars. Ce qui permet à l'Algérie de souffler un peu. Mais il s'agira de savoir si l'actuel gouvernement saura gérer le pays avec des prix du baril à 50-60 dollars, habitué pendant des années à des prix à plus de 100 dollars. Il sera soumis en 2017 à l'épreuve du maintien de la paix sociale dans un contexte de poussées inflationnistes nées de l'augmentation des taxes à partir de janvier prochain et d'une insuffisante maîtrise du commerce intérieur.