Absence de mesures symboliques Quelles sont les chances de réussite du plan anti-crise de Sellal appelé pompeusement "Nouveau modèle économique" ? À l'évidence, le rétablissement des équilibres macroéconomiques, notamment budgétaires visé par le cadrage budgétaire 2016-2019 contenu dans le "Nouveau modèle économique" repose principalement sur une baisse importante des importations, une réduction significative des dépenses d'équipement ainsi qu'une hausse des exportations hydrocarbures, réalisé grâce à l'évolution des prix du pétrole projetée par le gouvernement : de 50 à 60 dollars. Il suffit que les cours du pétrole se situent en dessous pour que ce plan soit compromis. Par ailleurs, la mise en œuvre de cette cure d'austérité, gel de la masse salariale et des recrutements dans la Fonction publique, gel des nouveaux projets d'investissement, hausse des taxes (TVA et sur les carburants), risque d'être freinée par de possibles mouvements de protestation contre la cherté de la vie induite par ces augmentations de prix résultant d'une hausse des taxes, prévues dans les lois de finances à partir de janvier 2017. La réussite de ce plan dépend donc de la paix sociale, en un mot de la dégradation ou non du climat social. Il est paradoxal que l'élaboration du nouveau plan anti-crise soit tenu secret et que plusieurs mois après sa parution, le gouvernement n'ait pas cru bon informer la population sur son contenu. Si des fuites ne se sont pas produites, il faudrait plusieurs mois pour que le simple citoyen soit enfin averti des décisions qui seront prises d'ici à 2019 et qui risquent d'affecter son pouvoir d'achat. Au demeurant, en dépit d'un "corpus" riche de suggestions pertinentes émises par nombre d'experts pour augmenter de manière importante les recettes de l'Etat en vue de faire face à la crise financière, permettant d'atténuer les effets de la crise sur la population, ce plan d'austérité fait l'économie de solutions salvatrices comme celles susceptibles d'améliorer la collecte des impôts et de mieux appréhender l'assiette fiscale. En particulier, il ne prévoit pas un volet lutte contre les surfacturations, les ventes sans facture et l'énorme évasion fiscale dans l'import-import. On ne voit pas également une significative amélioration des recettes fiscales sans réforme de l'administration des impôts, ni une adhésion de la population sans communication officielle et sans des mesures symboliques de réduction du train de vie de l'Etat. Par ailleurs, dans le domaine du commerce extérieur, le plan fait l'économie de la mise en œuvre de la loi sur la normalisation qui bien appliquée pourrait réduire nos importations d'au moins 10 milliards de dollars. Concernant l'apport de devises, des experts préconisent des mécanismes pour drainer les capitaux d'investisseurs étrangers ou d'Algériens résidant à l'étranger. Tout cet ensemble de solutions pertinentes sont paradoxalement ignorées au profit de mesures faciles, impopulaires qui risquent d'embraser le front social. Par : K. Remouche [email protected]