Si Affif, membre de l'instance exécutive du FLN, et le président de l'assemblée de wilaya de Mostaganem, aidé par le député indépendant mais dûment élu Bouteldja et par quelques associations d'inclination concorde civile, ont invité le chef terroriste repenti Benaïcha à expliquer les bienfaits de l'amnistie prochaine à la population de Mostaganem. L'ancien numéro deux de l'Armée islamique du salut a dû se montrer convaincant puisque Rabha Tounsi, réputée gardienne de la mémoire de quelques victimes du terrorisme, mais qui adhère au gratifiant projet d'amnistie, n'a pas été offusquée par sa présence. L'évènement devait être bien ordonnancé puisque le ministre des Affaires étrangères, malgré le devoir qui l'appelait à Alger en cette veille de Sommet arabe, a fait le déplacement. Et Ben Bella, parti convaincre le président Lahoud de participer au même sommet, avait eu le temps de préparer un discours à lire à l'intention de l'assemblée amnistiante. Le Sommet arabe nous occupe sans nous détourner de l'essentiel : les retrouvailles FIS-FLN ! Les terroristes en trêve sont invités à des débats, les polices sont déroutées sur Alger et les lieux-dits comme Zemmouri sont abandonnés aux terroristes en activité, en attendant la grande entente. La télévision d'Etat n'a repris que les propos de Belkhadem et fait l'impasse sur la participation de Benaïcha, mais pas par parti pris ; c'est qu'il fallait bien ménager les susceptibilités. Pas celles des personnes qui cultivent l'horreur des tueurs islamistes. Non, celles-là ont montré les limites de leur horripilation quand il fut question de “concorde civile”. Elles ont même conçu les arguments d'une impunité salutaire : ceux des “armes qu'on récupère”, “des victimes en moins” et des “enfants de l'Algérie qu'on sauve”… Et ont voté ! Non, c'est qu'apparemment, l'autre camp, celui des islamistes, refuse les termes actuels de la transaction. Selon une indiscrétion mostaganémoise, il n'y a que Benaïcha, chef de l'AIS de l'Ouest, qui adhère sans conditions au plan d'amnistie. N'oublions pas que si des milliers de terroristes ont été tués, leurs chefs et commanditaires sont sains et saufs et continuent à négocier comme forces politiques et à faire valoir leurs capacités reconnues de nuisance. Quand le pouvoir répète qu'il attend que “les conditions soient réunies pour soumettre la loi d'amnistie à référendum”, on peut naïvement croire que ce sont les âmes froissables et pointilleuses sur l'idée de justice qui gêneraient l'avènement immédiat du grand arrangement. C'est parce qu'il y a toujours un islamiste qui surenchérit sur son condisciple. Et ce sont les attributaires du statut de “non justiciable” eux-mêmes qui refusent l'offre. Un peu comme Ali Benhadj a fait chavirer le dessein réconciliateur de Zeroual, d'autres que Benaïcha sont probablement en passe de retarder, par leurs excessives exigences — même si ce qu'ils ont obtenu est déjà insoutenable — le dessein du régime actuel. Il se vérifiera donc encore, et aux dépens de la mémoire, qu'il n'y a que leur propre abus pour avoir finalement raison des fascismes. M. H.