Mohamed Raouraoua, l'homme fort du football algérien durant près de deux décennies, a décidé de tirer sa révérence. Coopté à la tête de la FAF, en 2001 par les pouvoirs publics, l'homme a servi durant toute cette période avec loyauté et rectitude et avec à la clé des réussites mémorables dont deux qualifications en Coupe du monde, mais aussi des échecs qui ont fini par miner le grand soutien dont il jouissait auprès des décideurs. Entre 2001 et 2017, le crédit de Raouraoua auprès des véritables décideurs s'est érodé au gré des personnalités qui ont gravité conjoncturellement autour de la présidence de la République, véritable poste de commandement de la Fédération de football, jusqu'à atteindre son seuil intolérable avec l'avènement ces dernières années d'un certain conseiller très spécial à la présidence de la République, très proche du Président. C'est un secret de Polichinelle, les deux hommes ne sont plus en odeur de sainteté depuis quelque temps déjà ; l'homme fort du régime n'a cessé de réclamer sa tête. Cela devenait du reste de plus en plus perceptible avec la mise en branle de l'appareil étatique pour le destituer à travers les déclarations agressives du ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, contre Mohamed Raouroua et surtout la mise en action de l'arsenal médiatique dédié au pouvoir en place. Certes, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a tenté, dans un premier temps, de défendre un ami de longue date auprès du centre de décision d'où les velléités de Raouraoua de s'accrocher à travers notamment la démonstration de force, le 27 février dernier, de l'assemblée générale ordinaire de la FAF, mais rien n'y fit, le pouvoir a bel et bien décidé de sauter le fusible Raouraoua afin d'absorber, pense-t-il, la colère légitime de la rue, née des dernières sorties désastreuses des Verts. La page est tournée. Raouraoua abdique devant la volonté des décideurs Sellal se chargera en personne de la mission de convaincre Raouraoua de se retirer en douce non sans lui demander, un comble, des conseils pour sa succession. En commis de l'Etat rompu aux arcanes du pouvoir, Raouraoua abdique la mort dans l'âme un peu à la manière dont l'ancien SG du FLN Amar Saâdani a été éjecté il n'y a pas si longtemps du parti. Sans fracas mais avec les formes. Auprès de ses proches, il regrettera surtout l'ingratitude du régime qui s'est débarrassé de lui, comme si de rien n'était. Mais avec sa santé fragilisée ces derniers mois, il n'est pas sûr aussi que Raouraoua n'ait pas perçu la porte de sortie d'un bon œil. Bref, le sort de Raouraoua réglé, il restait aux décideurs de trouver un nouveau cheval sur lequel il faut miser pour diriger le football algérien. Très vite le nom de Kheïreddine Zetchi est apparu comme une solution immédiate après l'échec de celle de Rachid Maarif, qui n'a pas reçu le soutien d'en haut et surtout en disgrâce avec le grand manitou et celle de Djahid Zefzef, qui a, néanmoins, accepté d'intégrer la liste de l'actuel candidat Zetchi. Le duo, Ali Haddad, président du FCE, dont la proximité avec le régime est avérée, Ould Ali El-Hadi, premier responsable du MSJ, débute dès lors les consultations au sein de assemblée générale à commencer par les Ligues de wilaya. Trois Ligues seront choisies, en fonction du principe désuet de l'équilibre régional : Bouira, Aïn Témouchent et El-Tarf. Une tâche relativement facile à accomplir surtout lorsqu'on titille à merveille le nerf de la guerre, l'argent... du contribuable. Ensuite, il fallait choisir des représentants des clubs, et là le président du FCE, Ali Haddad, qui est derrière l'intronisation d'Ould Ali au MJS, n'a pas cherché loin en plaçant son frère Rebouh, président de l'USMA, en tant que premier vice-président, et un autre hommes d'affaires, Ould Zemirli du NAHD. Il ne restait plus qu'à convaincre un ancien de l'équipe du FLN, pour renforcer la légitimité recherchée. Ça tombe bien, Mohamed Maouche ne fait rien et passe son temps à casser du sucre sur Raouraoua. La liste est finalisée à la place du 1er-Mai dans les bureaux d'El-Hadi Ould Ali. Le pouvoir a finalisé sa liste unique. Pas de place pour la concurrence. La télé du régime, pas l'unique mais l'autre assez récente spécialiste de la diatribe, fera le reste. La Fifa, quant à elle, n'aura vu que du feu, Raouraoua ayant décidé de faire passer l'intérêt du pays avant... SAMIR LAMARI