Perte de la biodiversité et déclin des pollinisateurs : Une menace sur la production agricole La dépendance de l'agriculture mondiale des animaux pollinisateurs est une réalité établie. Il est aussi avéré que ces espèces indispensables aux récoltes sont en déclin et que leur protection devient vitale pour de nombreuses productions agricoles. Simon Potts, de l'université de Reading en Grande-Bretagne et membre de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, ou IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) explique que "sans pollinisateurs, beaucoup d'entre nous ne pourraient plus déguster du café, du chocolat ou des pommes". Une étude, rendue publique par ce réseau qui porte sur l'évaluation du rôle de la pollinisation dans la production agricole à but alimentaire (ThematicAssessment of Pollinators, Pollination and Food Production) indique clairement que, dans le monde entier, les pollinisateurs sont un partout en déclin et souligne la nécessité de "protéger les animaux, insectes, bien sûr, mais aussi vertébrés, qui sont utiles à la reproduction des plantes à fleurs, sauvages ou cultivées. La pollinisation naturelle (qui peut aussi passer par le vent) est cruciale ou importante pour les trois quarts de l'agriculture mondiale". Les abeilles, en particulier, font face à de multiples dangers comme l'usage des pesticides par l'homme et des menaces naturelles, comme le parasite Varroa destructor. On retiendra aussi de ce rapport les chiffres tels que : * 20 000 : le nombre d'espèces d'abeilles sauvages qui participent à la pollinisation. Il faut y ajouter bien d'autres pollinisateurs, des insectes (guêpes, papillons, mites, etc.), des oiseaux, des chauves-souris et d'autres vertébrés. * 75% : pourcentage des cultures mondiales pour l'alimentation qui dépendent, au moins en partie, de la pollinisation. * 214 à 525 milliards d'euros : revenus annuels des cultures directement influencées par les pollinisateurs. * 300% : augmentation en cinquante ans de la production, en volume, dépendant de pollinisation. * Près de 90 % : pourcentage des plantes à fleurs sauvages qui dépendent, au moins en partie, de la pollinisation par les animaux. * 1,6 million de tonnes : production annuelle de miel en Occident. * 16,5% : pourcentage de vertébrés pollinisateurs en danger d'extinction. * Plus de 40% : pourcentage d'invertébrés pollinisateurs (surtout les abeilles et les papillons) en danger d'extinction. R.S. Réchauffement des océans : Le processus est largement sous-évalué Une équipe de chercheurs composée de climatologues et océanographes a publié, le 03 mars 2017, les résultats d'une étude sur l'évolution de la température de la terre depuis 1960 dans la revue Advances Science. Intitulée Improvedestimates of oceanheat content from 1960 to 2015 (advances.sciencemag.org), cette "rétrospective" scientifique part du postulat que "le déséquilibre énergétique de la Terre est à l'origine du réchauffement planétaire et peut être évalué à travers le bilan historique (c'est-à-dire depuis 1960) des changements de la chaleur océanique". Les résultats montrent que le réchauffement est plus élevé que prévu de 13%, et qu'il s'accélère. Au cours de ces 60 dernières années, "le taux de réchauffement de la planète a considérablement changé", l'océan mondial, qui absorbe 93 % de l'excès de chaleur dû au changement climatique, conserve la mémoire récente du réchauffement. "Comprendre la répartition des températures sur tout le globe, leur évolution et les échanges avec l'atmosphère est crucial pour prédire les conséquences dans le futur". En 1992, "le taux de réchauffement était presque deux fois plus important que celui de 1960". De plus, depuis 1990, l'élévation des températures des océans ne concerne plus seulement les eaux en surface mais aussi celles jusqu'à une profondeur de 700 m. Les liens entre les océans avec la météo terrestre (le climat) est connu. Des températures plus élevées signifient davantage de tempêtes, de typhons et d'ouragans... Les auteurs de l'étude affirment que "ce processus est une raison majeure pour laquelle 2016 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, battant le précédent record de 2015... En outre, 2015 a été une année avec des records d'ouragans, de vagues de chaleur, des sécheresses et des feux de brousse à travers le monde". D'autres impacts de ce réchauffement des océans sont mesurables. Les espèces marines migrent vers les pôles en réponse à ce phénomène avec des vitesses "étonnantes" pour certaines d'entre-elles. "Plusieurs espèces marines ont déjà adapté leur période de reproduction, de migration ou de prise de nourriture en réponse au réchauffement climatique.... Le phytoplancton [plancton végétal, c'est-à-dire l'ensemble des organismes végétaux vivant en suspension dans l'eau] migre de 46,7 km par an vers les pôles". Cette distance représentait en moyenne le déplacement lors d'une décennie. R. S.