Même s'ils ne sont pas concernés par le scrutin du 4 mai prochain, les partis boycotteurs trouvent que le ministre de la Communication a outrepassé ses prérogatives. Les velléités du ministère de la Communication à interdire l'expression ou du moins la médiatisation des partisans du boycott des élections législatives du 4 mai 2017 n'ont pas tardé à faire sortir de leurs gonds plusieurs partis politiques qui ont réagi hier vertement à ces "nouvelles entraves de la pratique politique" en Algérie. À leur tête, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid qui s'en est pris à la personne de Hamid Grine, ministre signataire des circulaires controversées relatives à la couverture médiatique du prochain scrutin. "Ce ministre de la Communication a largement outrepassé ses prérogatives. C'est à l'autorité de régulation d'édicter éventuellement des règles d'éthique. J'aurais voulu que M. Grine s'attaque à Djamel Ould Abbes pour la corruption généralisée qui règne dans son parti (le FLN, ndlr) au lieu de venir chercher des problèmes à un parti comme Jil Jadid." S'agissant du boycott décidé par les instances de son parti, Soufiane Djilali assume : "Nous ne boycottons pas pour le plaisir car nous considérons qu'il n'y a pas de conditions de transparence pour le prochain scrutin. Bien au contraire, l'administration et la corruption font en sorte que rien ne change en Algérie. Le boycott est donc une position politique argumentée. Et c'est au gouvernement de répondre précisément aux accusations que nous lui portons." Pour Ahmed Adimi, le porte-parole de Talaie El-Houriat, "il n'y a rien de nouveau ni de surprenant dans ces nouveaux oukases. Faute de mieux, le régime politique en place croit toujours pouvoir régler les problèmes par l'ostracisme, l'anathème ou les interdits. Il y a quelques semaines, le ministre de l'Intérieur menaçait d'un retrait d'agrément les partis politiques ayant décidé de ne pas prendre part à la prochaine échéance électorale. Aujourd'hui, le ministre de la Communication prend le relais et interdit de parole ces mêmes partis. Tout cela procède d'une même logique. Un régime politique cohérent avec lui-même qui n'admet pas de contradicteurs quels qu'ils soient". De son côté, Karim Tabbou, président de l'UDS, un parti non agréé, dit avoir pris connaissance du contenu de ces circulaires même s'il ne les a pas lues entièrement. Il dénonce surtout un "excès de zèle" de la part du membre du gouvernement. "Encore une fois, ce ministre a fait preuve de manque de punch et de charisme d'autant qu'il veut sévir par cette logique de menace et d'interdiction. Il en fait surtout un instrument pour affirmer son allégeance excessive et malhabile à l'égard du pouvoir réel, cela n'honore pas, en tout cas, les promesses des officiels quant à la promotion des libertés et l'élargissement des espaces d'expression telles que proclamées du reste par la nouvelle Constitution". Fin de citation. Mohamed-Chérif Lachichi