L'homme a été arrêté lors d'un barrage routier à Hammam Boughrara (wilaya de Tlemcen), alors qu'il venait de quitter Maghnia. Qui d'El-Ouerdi ou de Yasser est responsable de l'opération de transport de 85 kg de kif entre Maghnia et Aïn M'lila (wilaya d'Oum El-Bouaghi) ? En dehors de l'identité réelle du fournisseur de cette drogue marocaine, le dénommé Mounir, qui reste à ce jour introuvable, c'est la question à laquelle le tribunal criminel d'Oran a dû répondre, la semaine dernière, lors du procès au cours duquel les deux personnes étaient accusées d'importation, possession et transport de produits stupéfiants. Dans les faits, c'est B. El-Ouerdi, trentenaire, caporal dans les forces spéciales de l'ANP, qui a été interpellé, en janvier 2015, au volant d'une Citroën Berlingo transportant 85 kg de résine de cannabis. L'homme a été arrêté lors d'un barrage routier à Hammam Boughrara (wilaya de Tlemcen), alors qu'il venait de quitter Maghnia. À la Gendarmerie nationale qui l'interroge, il révèle qu'un certain T. Yasser, demeurant à Aïn M'lila, avait offert de lui donner 500 000 DA s'il acceptait de se rendre à Maghnia et de convoyer la drogue. Etant dans le besoin en raison d'une situation familiale difficile, il dit ne pas avoir résisté à cette proposition et avoir rapidement pris la direction de l'Ouest algérien. Devant le juge d'instruction, il change brusquement de version : en fait, il ne s'agissait pas de stupéfiants mais de pièces détachées, et il ignorait que le sac qui se trouvait à l'arrière de la voiture contenait de la drogue, puisqu'à Maghnia, il avait confié le véhicule utilitaire à un certain Mounir qui le lui avait rendu quelques minutes plus tard. Et non, il n'avait pas vérifié le contenu du sac. Interpellé à son tour, T. Yasser, commerçant et fellah de 29 ans, rejette toutes les accusations de trafic de drogue. Il reconnaît avoir proposé à El-Ouerdi 500 000 DA, mais pour acheter des pièces détachées à partir de Maghnia. Mais les faits sont têtus : les deux suspects ont échangé des appels téléphoniques tout au long du voyage, c'est Yasser qui a dit à El-Ouerdi de se mettre en contact avec le mystérieux Mounir, et le sac contenait bien une quantité de 85 kg de résine de cannabis. Les deux hommes finiront pas être écroués et inculpés pour les chefs d'accusation d'importation, détention et transport de drogue en bande organisée, conformément aux dispositions prévues par l'article 17 (aliénas 1 et 3) de la loi 04-18 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Ils risquent jusqu'à la prison à perpétuité. Lors du procès, nouveau retournement de situation : B. El-Ouerdi reconnaît que la marchandise qui se trouvait à l'arrière de la voiture était de la drogue et qu'il l'avait transportée à la demande de Yasser. Ce que celui-ci nie obstinément en maintenant ses premières déclarations. Et même lorsque le ministère public s'étonne qu'il envoie chercher des pièces détachées automobiles à la lointaine Maghnia alors qu'il réside dans la capitale algérienne de la pièce détachée, Aïn M'lila, le prévenu ne se démonte pas : "Certaines ne sont pas disponibles, et Mounir est un émigré à qui il arrive d'importer de la pièce détachée." Ce qui n'a pas semblé convaincre le représentant du parquet qui, dans son réquisitoire, a requis la peine de 20 ans de réclusion contre Yasser et 15 contre son acolyte. Dans leurs plaidoiries respectives, chaque avocat a tenté de décharger son client et de "faire porter le chapeau" au second accusé. Le défenseur d'El-Ouerdi a insisté sur les aveux de son client et sa situation sociale difficile pour réclamer les circonstances atténuantes. "La cour notera toutefois que c'est Yasser qui a commandé la drogue, qui a donné à El-Ouerdi le numéro de téléphone de ce Mounir et qui a supervisé l'opération à partir de Aïn M'lila", a-t-il énuméré pour établir que son client était "dirigé", qu'il ne connaissait pas Mounir et que, par conséquent, l'accusation de "trafic en bande organisée" ne pouvait pas lui être appliquée. L'avocate de Yasser s'est, elle, appliquée à mettre en avant les déclarations contradictoires d'El-Ouerdi, alors que celles de son client n'avaient pas changé, et rappelé qu'aucune preuve matérielle ne prouvait que son client était lié aux 85 kg de kif. "Du reste, si notre client était véritablement un narcotrafiquant, il ne vivrait pas dans la précarité, contraint de travailler la terre de son père", a-t-elle encore ajouté en soulignant que "seuls les allégations d'El-Ouerdi" incriminent son client. La cour choisira finalement de mettre les deux accusés sur le même pied d'égalité et de les condamner à 15 ans de réclusion criminelle. S. Ould Ali