"Nous avons juste les déclarations du brigadier de police qui, je vous le rappelle, n'est pas un témoin mais un condamné qui se trouve en prison". Âgé de 40 ans, D. Abdelkader vient d'être condamné par le tribunal criminel d'Oran à 13 ans de prison ferme pour possession, recel et transport de stupéfiants en bande organisée. En fuite lors du procès qui a vu 4 membres de la bande en question condamnés à différentes peines pour trafic de drogue, Abdelkader avait écopé de la perpétuité par contumace. Mardi dernier, il comparaissait après avoir enfin décidé de se rendre aux autorités et de faire opposition du jugement rendu définitif. Selon l'arrêt de renvoi, D. Abdelkader avait pour mission de sécuriser la route durant le transfert, en janvier 2015, d'une quantité de drogue depuis Maghnia vers Oran. Précédant de quelques kilomètres la voiture qui transportait la marchandise prohibée, il avait pour mission d'éviter tout risque de tomber sur un barrage routier. C'est en tout cas ce que le convoyeur de la drogue, un brigadier de police à 6 mois de la retraite, a appris aux enquêteurs lorsqu'il a été arrêté, quelques semaines plus tard, alors qu'il tentait de transporter 30 kg de kif (66 paquets dissimulés dans les ailes et les pare-chocs d'une Chevrolet) vers Oum El-Bouaghi. Cette arrestation déclenchera l'interpellation de 3 autres personnes et la saisie dans le domicile du présumé receleur de 42 kg de résine de cannabis et 5 millions de dinars. Les enquêteurs en sont certains, il s'agit là d'une bande spécialisée dans l'importation et la commercialisation de drogue en provenance du Maroc. Les 4 personnes seront jugées et condamnées à la prison ferme et 2 fuyards, dont D. Abdelkader, écoperont de la perpétuité. Confronté aux éléments consignés dans l'arrêt de renvoi et aux déclarations incriminantes du désormais ex-brigadier de police (condamné à 13 ans), Abdelkader a nié tous les faits reprochés. "C'est vrai que j'ai accompagné le policier à Maghnia, mais c'était pour l'aider à acheter des pièces détachées pour sa voiture. Il n'a jamais été question de drogue et je n'ai jamais trempé dans cette histoire", s'est-il défendu. Dénégations qui n'ont pas convaincu le président d'audience, encore moins le représentant du ministère public qui a requis 15 années de réclusion et 1 million de DA contre l'accusé. L'avocat, lui, plaidera simplement l'acquittement en soutenant l'absence de preuves matérielles incriminant son client. "Nous avons juste les déclarations du brigadier de police qui, je vous le rappelle, n'est pas un témoin mais un condamné qui se trouve en prison. Il convient de ne pas les prendre en considération", a-t-il déclaré en avertissant contre les conclusions hâtives. S. Ould Ali