Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj reproche à l'Union européenne de ne pas l'aider comme promis à lutter contre l'intense trafic de migrants à partir de ses côtes, dans un entretien publié hier par le journal allemand Bild. "Malheureusement, l'Europe ne nous a pas aidés. Elle a juste fait des promesses en l'air", a accusé M. al-Sarraj à propos des échanges en cours avec l'UE sur l'aide matérielle dont ont besoin les garde-côtes libyens. "Nous avons d'urgence besoin de plus d'assistance professionnelle pour protéger et contrôler nos côtes (...) En outre, la communauté internationale doit faire davantage pour aider à stabiliser le pays", a ajouté le chef du gouvernement d'union nationale, dont le siège est à Tripoli et qui ne contrôle qu'une partie du territoire libyen. "Nos demandes n'ont pas reçu de réponses pour l'instant. Si cela ne change pas, le résultat sera encore plus de trafiquants et davantage de réfugiés", a encore averti M. al-Sarraj. Plus de 24 000 migrants sont arrivés de Libye en Italie pendant les trois premiers mois de l'année, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU, contre 18 000 sur la même période en 2016. L'année dernière, 181 000 migrants, un record, étaient parvenus en Europe via les côtes italiennes, dont 90% en provenance de Libye. Selon les organisations internationales, 800 000 à un million de personnes, majoritairement originaires d'Afrique subsaharienne, se trouvent actuellement en Libye dans l'espoir de gagner l'Europe à bord d'embarcations de fortune, dont la plupart prennent la mer dans les environs de Sabrata (nord-ouest). En Libye, "les migrants qui tombent aux mains de passeurs sont systématiquement victimes de malnutrition, de sévices sexuels et ils subissent même des meurtres", a déploré hier l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), publiant des témoignages de migrants réduits en esclavage ou kidnappés puis libérés en échange du paiement d'une rançon. R. I./Agences