Pour le commun des Algériens, un inconnu parmi les anonymes. Mais pour la FAF de Kheireddine Zetchi, c'est "l'entraîneur qu'il faut" pour la sélection nationale. Depuis jeudi, soit 72 heures seulement après son limogeage du Grenada FC, faible 19e et avant-dernier de la Liga espagnole, Luis Lucas Alcaraz González est le nouveau patron technique des Verts. S'il a tenu sa promesse de livrer le nom du successeur de Georges Leekens dans les 20 jours, le président de la Fédération algérienne de football ne s'est, en revanche, pas astreint de "l'obligation de la stature" pour nommer un sans-grade du football ibérique à la tête de l'une des plus douées sélections d'Afrique. Car, quoiqu'en disent les férus du positivisme à tout prix, l'amère et implacable vérité du terrain place Lucas Alcaraz parmi la foule anonyme des entraîneurs de tout pays, loin, très loin même du gotha mondial et des entraîneurs XXL comme promis par la FAF. Le nouveau sélectionneur national n'a, pour résumer, jamais rien gagné de sa carrière, tout comme il n'a jamais réussi un quelconque fait d'armes digne de lui valoir un quelconque laurier. Preuve en est, pour sa toute récente expérience sur le banc de Grenade d'où il a été limogé lundi, il a perdu 19 de ses 31 matches disputés pour seulement 4 victoires, restant notamment sur une série de 4 défaites en 5 rencontres, encaissant au passage 11 buts ! L'autre statistique effrayante est le fait d'avoir connu 9 clubs différents durant les 9 dernières saisons. C'est dire qu'il est tout sauf un "bâtisseur" ! Et, sans jeu de mots, "cerise" sur le gâteau, Alcaraz a trimbalé sa silhouette entre huit clubs (Murcie, Huelva, Cordoba, Almeria, Salonique, Grenade, Levante et Elche) qui sont davantage connus pour leur politique commune de "l'ascenseur" que par la beauté de leur jeu ou leur culture tactique ! Car, s'il est vrai que le nouveau patron des Verts est présenté comme un "professeur de tactique et stratégie à l'Ecole nationale espagnole d'entraîneurs", il est tout aussi vrai que son "génie tactique" n'est jamais apparu au grand jour, tout comme il ne l'a jamais mené au-delà de l'antithèse accession-relégation, et ce, en dépit de la bonne aura dont il jouit en "2e division andalouse", puisqu'il n'a jamais intéressé les élites locales que sont le FC Séville et le Bétis Balompié. Un très risqué coup de poker, en somme, qui pourrait valoir à son auteur, Kheireddine Zetchi, un énorme jackpot ou une malheureuse banqueroute. Dans ce même registre du jeu, sur le rectangle vert cette fois-ci, Lucas Alcaraz semble avoir une idée toute définie. "J'aime que mon équipe soit efficace en phases de transition et qu'elle joue de façon verticale, pas directe, et que mes joueurs mettent de l'intensité sans le ballon. Mon système de prédilection est le 4-4-2. Mais je m'adapte toujours à mes joueurs et à leurs caractéristiques afin de définir le système de jeu. Les variantes dépendent des capacités qu'ils ont. J'analyse les mouvements de chacun, dans chaque zone où ils créent le plus de danger. Offensivement comme défensivement, ce qui donne le plus d'importance à un joueur est la vitesse d'exécution lors des actions. Evidemment, la qualité est aussi très importante. Mais la vitesse est ce qui fait qu'un joueur est supérieur à un autre", disait-il voilà trois ans. Le palmarès, aussi, oserions-nous ajouter. Rachid BELARBI