Le phénomène des embarcations qui coulent à quai au port de Collo inquiète sérieusement les patrons pêcheurs, vu qu'en deux ans, un chalutier et deux sardiniers ont coulé, mettant au désarroi les armateurs. L'absence d'une Roulev, une grue de grande capacité, au port de Collo fait que les pêcheurs assistent désespérément à l'engloutissement de leurs embarcations qui entraîne systématiquement leur détérioration. La dernière embarcation qui a coulé au port de Collo date du 5 avril courant, elle est restée plus d'une vingtaine de jours sous l'eau dans l'attente de l'arrivée d'une grue pour la retirer. Une attente de plus de 20 jours pour lancer l'opération de déséchouage est considérée comme très préjudiciable pour l'armateur et une négligence impardonnable de l'entreprise défaillante, l'EGPP, qui gère les ports de pêche. Il a fallu l'intervention du wali en personne pour que l'EPS de Skikda, qui dispose des équipements nécessaires, daigne dépêcher une grue. Le président de l'association des pêcheurs, Fouzi Berdjem, nous dira que le port de Collo devrait être doté d'une Roulev de 180 t, une promesse faite lors d'une récente visite du ministre. Selon toujours M. Berdjem, 53 milliards de centimes ont été versés par le ministère à l'EGPP pour l'achat de cette Roulev, mais cet argent aurait été détourné. Il nous expliquera alors que la présence de cette grue sur place aurait évité l'engloutissement de ces embarcations. Il évoquera aussi la position de l'EGPP qui n'encourage guère l'implantation d'ateliers de charpenterie, poussant certains artisans à quitter le port. Et de nous dire qu'"actuellement une réparation d'une durée d'une semaine nous prend trois mois et, partant, un important manque à gagner". Il s'attaquera aussi à la Cnas qui, selon lui, continue d'ester les pêcheurs en justice, alors qu'ils vivent une véritable crise depuis 6 mois à cause du manque de poissons. L'autre nouveau phénomène évoqué par les pêcheurs que nous avons rencontrés mercredi sur place, lors de l'opération de déséchouage du sardinier, concerne l'érosion qui touche les embarcations à coque en bois et seulement en une seule face, et les pêcheurs pointent du doigt le déversement des eaux usées dans la calle sèche du port et que les courants propagent sur toute l'étendue pour toucher les embarcations. A. BOUKARINE