Ils étaient des centaines de travailleurs du groupe Cevital à observer, jeudi, de midi à 13h, un rassemblement devant l'entrée du complexe agroalimentaire à Béjaïa. Et devant l'entrée du port, de la BMT (Béjaïa Mediterranean Terminal) plus précisément. La raison ? Protester contre "le blocage des équipements destinés au groupe Cevital par la direction générale du port de Béjaïa". Les manifestants ont brandi des banderoles géantes sur lesquelles on pouvait lire : "Rendez-nous notre outil industriel pris en otage" ; "Libérez les équipements bloqués" ; "Non au blocage de nos investissements" ; "Libérez notre projet de trituration" ; et enfin, "Respect des décisions de l'Agence nationale de développement des investissements. Oui pour le développement économique de la région". Les travailleurs se sont rassemblés, sous les regards de la police, devant les entrées principales du complexe Cevital et du port sans pour autant procéder à la fermeture de la route. Et surtout à l'heure de la pause déjeuner. Le président du comité de participation de l'entreprise, Sayad Kaci, mégaphone à la main, harangue ses collègues manifestants pour vilipender les autorités portuaires. "Mes frères, mes sœurs — la gente féminine était, de son côté, mobilisée — le groupe Cevital est le deuxième contribuable du pays après Sonatrach et on veut nous réduire au chômage afin que l'on rejoigne les rangs des chômeurs, déjà trop nombreux à travers le pays. On ne laissera personne menacer nos emplois", clamera avec insistance ce représentant du collectif des travailleurs face à des collègues très remontés contre le blocage par la direction générale de l'EPB des équipements du groupe Cevital, destinés à son unité de trituration de graines oléagineuses. Il précisera, à l'occasion, que "ce sont des équipements, achetés par Cevital et payés avec ses fonds propres après avoir bénéficié d'un avis favorable de l'Andi". Il n'a pas manqué non plus de s'en prendre au pouvoir politique. "Non seulement le pouvoir a asphyxié le développement économique de notre région, mais il veut aussi étouffer l'essor du groupe Cevital, créateur de richesses et d'emplois. C'est une véritable entreprise citoyenne ‘Ya elkhawa' (mes frères, ndlr). Le groupe fait travailler des Algériens et des Algériennes", insiste encore l'orateur. Pour preuve, précisera-t-il, cette unité va créer un millier d'emplois directs et 100 000 emplois indirects. M. Sayad ne concluera pas sa prise de parole sans rappeler que deux correspondances ont été adressées par le collectif, le 26 mars et le 5 avril derniers au Premier ministre pour "l'interpeller sur ce blocage inexplicable des outils de Cevital par la direction du port de Béjaïa", signalant avec regret que le 26 mars dernier, les autorités portuaires de Béjaïa ont refusé l'accostage du navire transportant ces équipements pour Cevital. Après une décision de justice, rendue en faveur de Cevital, l'EPB a fait appel et "curieusement a obtenu gain de cause. Le navire est alors refoulé du port de Béjaïa". Pour rappel, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui a animé un meeting électoral mercredi à Béjaïa a évoqué ce blocage. Une évocation qui a eu pour effet immédiat de susciter des débats sur les places publiques d'autant que la population locale est convaincue que le pouvoir politique ne veut nullement le développement économique de la région. À signaler que le rassemblement des travailleurs du groupe Cevital a été soutenu par le bureau du RCD de Béjaïa, en témoigne la présence au sit-in de ses candidats, A. Mazouz, M. Deboub, Mme Ouali et Mme Anissa, aux législatives mais aussi de ses militants et sympathisants. M. Mazouz, tête de liste RCD, et ses camarades candidats, ont promis, lors du débat avec les travailleurs, de défendre le projet à la future APN si jamais ils étaient élus et que, toutefois, leur parti sera toujours de leur côté dans ce combat jusqu'à ce que le projet de réalisation de cette unité de trituration de graines oléagineuses du groupe Cevital soit concrétisé ainsi que de tous les projets en souffrance et objet de blocage par un clan du pouvoir politique. L. OUBIRA