Le groupe contribue à réduire la facture alimentaire du pays, en freinant l'importation de plusieurs produits. “C'est géant ! Impressionnant !” Les journalistes qui ont fait le déplacement au complexe agroalimentaire Cevital, implanté à l'est du port de Béjaïa, à l'invitation de M. Issad Rebrab, président-directeur général du groupe, semblent chercher les qualificatifs qui puissent restituer, au mieux, l'étendue du projet. Cevital Spa, pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'être au cœur de cet empire, est constituée de plusieurs unités de production. La plus connue, la raffinerie d'huile, qui a démarré en août 1999, d'une capacité de 600 tonnes par jour, portée par la suite à 1 800 tonnes/jour. Ultramoderne, utilisant les technologies de dernière génération, l'usine la plus importante d'Afrique et d'Europe est complètement intégrée. Les bouteilles, les bouchons et les poignets sont produits sur place (la matière première appelée PET, une sorte de graines blanches, est importée), avec un système de contrôle qualité très sévère. Tous les équipements ont été installés par le personnel de Cevital, assistés par des spécialistes étrangers. Ce qui fait dire à M. Issad Rebrab, président-directeur général du groupe, que “les Algériens peuvent relever le défi. Qu'ils sont travailleurs quand ils sont bien encadrés, payés correctement et respectés”.Pour preuve, la raffinerie d'huile, du moins la première ligne de 600 tonnes/jour, a été réalisée en six mois. Rebrab affirme n'avoir pas trouvé d'entreprise, privée ou publique, ni d'ailleurs étrangère, qui aurait pu la réaliser dans les délais exigés. Du coup, il crée sa propre entreprise de réalisation, tous corps d'état confondus. M. Rebrab précise qu'il était contraint de réaliser le projet en six mois. Car, explique-t-il, si une partie de l'investissement était autofinancée, l'autre partie était financée sur le marché international avec un différé de six mois seulement. En d'autres termes, au bout de six mois, il était obligé de commencer à rembourser, d'où la nécessité de réaliser la raffinerie en six mois. Le défi a été relevé. La raffinerie couvre aujourd'hui une fois et demi les besoins du marché. L'Algérie, grâce à cet investissement, est passée du stade d'importatrice à celui d'exportatrice d'huile raffinée, de très bonne qualité, de l'avis même du Centre algérien du contrôle de la qualité et de l'emballage. D'autres installations sont venues compléter les usines de raffinage, d'huile alimentaire et de production de margarine. Il s'agit, entre autres, de la raffinerie de sucre. Celle-ci a démarré il y a quelques mois. Elle produit déjà plus de 1 450 tonnes par jour de sucre extra-blanc. La capacité installée est de 1 600 tonnes/jour. Les experts estiment qu'elle peut aller jusqu'à 2 000 tonnes/jour, soit environ 600 000 tonnes par an. Cevital compte produire, cette année, 450 000 tonnes. Mais dans ses projets, elle compte doubler sa capacité de production, l'année prochaine, de 600 000 t/an dans cette première phase à 1,2 million de tonnes/an. Avec les trois raffineries de l'Enasucre, les capacités nationales seront excédentaires, étant donné les besoins du marché national estimés à 950 000 tonnes par an. D'où l'objectif de Cevital d'aller à la conquête des marchés extérieurs, surtout que cette raffinerie est l'une des plus importantes du Bassin méditerranéen. M. Rebrab ne veut pas “rogner” sur les parts du marché de l'Enasucre, une entreprise nationale. La raffinerie de sucre viendra en complément, en mettant sur le marché local 800 000 tonnes. Le reste, c'est-à-dire 400 000 tonnes, sera destiné à l'exportation. Après les huiles, la margarine et le sucre, d'autres projets d'envergure sont en phase de lancement. Il s'agit de l'unité de trituration de graines oléagineuses et d'extraction d'huile. Pour mesurer l'importance de ce projet, il faut savoir que l'Algérie importe actuellement 100% de ses besoins en huile brute et 100% de ses tourteaux. Cette unité d'envergure, aux retombées économiques et financières considérables pour le pays, aura une capacité de 1,8 million de tonnes par an, la plus importantes unités du Bassin méditerranéen. “Nous allons traiter des graines de tournesol, de colza et de soja”, souligne M. Issad Rebrab. À partir de 2005, l'Algérie passera du statut d'importateur à celui d'exportateur des huiles brutes et de tourteaux. L'Algérie importe actuellement 380 000 à 400 000 tonnes par an de tourteaux et 360 000 tonnes d'huile brute. L'unité de trituration va produire 650 000 tonnes d'huiles brutes (360 000 tonnes pour le marché local et le reste à l'export). L'unité produira aussi des tourteaux pour le marché national et pour l'exportation. Selon le PDG de Cevital, la Tunisie, la Libye, le Maroc et l'Egypte sont tous importateurs d'huiles brutes et de tourteaux. Les Européens importent 15 millions de tonnes d'huiles brutes et de tourteaux de soja. Il n'y a donc pas de problème pour exporter l'excédent de production. Si dans un premier temps les graines oléagineuses sont d'importation, dans un second temps, Cevital encouragera les agriculteurs algériens à produire les graines oléagineuses en leur garantissant les semences, les engrais et un prix confortable pour leurs produits. Certains agriculteurs, semble-t-il, sont intéressés. Cevital a, par ailleurs, construit des silos portuaires pour graines oléagineuses, céréales et sucre roux. La capacité de stockage pour le sucre roux est de 50 000 tonnes. Pour les céréales, 24 cellules de 5 000 tonnes chacune ont été édifiées. Cevital a, en outre, construit un terminal de chargement et déchargement portuaire d'une capacité de 2 000 tonnes/heure. “C'est le plus grand terminal de déchargement d'Europe et d'Afrique”, soutient le patron de Cevital. Les autres projets devant boucler la boucle sont la réalisation prochaine d'une minoterie-semoulerie, d'une unité d'aliments de bétail (capacité 500 000 t/an) en granulés et d'une unité de levures pour boulangers à partir de l'année prochaine. Cevital spa a investi plus de 15 milliards de dinars en 5 ans, dont 75% en fonds propres. 2 500 postes d'emplois ont été créés. C'est l'un des plus grands contribuables, du secteur privé, au budget de l'Etat, soit 2,3 milliards de dinars en 2002 et un chiffre prévisionnel de 4 milliards de dinars en 2003. Cevital a réalisé un chiffre d'affaires de 16 milliards de dinars toutes taxes confondues en 2002. En 2003, Cevital prévoit de réaliser un chiffre d'affaires estimé à 32 milliards de dinars, avec un cash flow de 5 milliards de dinars. La comptabilité, de l'entreprise, certifiée par le cabinet d'audit KPMG, montre que les stocks et les disponibilités couvrent largement les dettes à court terme. M. Issad Rebrab semble avoir changé d'avis quant à l'entrée de Cevital en Bourse. “À un certain moment j'avais cru que les pouvoirs publics allaient sérieusement procéder à la privatisation des entreprises publiques. Je voulais mettre 20% du capital de Cevital en Bourse pour lever des capitaux et racheter d'autres entreprises. Mais en définitive, il n'y a pas eu de privatisations”, souligne-t-il. M. R. Création de Compagnie Aérienne La réglementation se durcit Le Conseil de gouvernement a examiné et endossé mercredi dernier un avant-projet d'ordonnance modifiant et complétant la loi 98-06 du 27 juin 1998 fixant les règles générales relatives à l'aviation civile, présentée par le ministre des Transports. Les amendements proposés introduisent plus de rigueur dans l'attribution des concessions d'exploitation des services du transport aérien aux investisseurs et renforcent les prérogatives des pouvoirs publics dans la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur du transport aérien. Le nouveau dispositif soumet à arrêté du ministre des Transports, après accord du Conseil des ministres, l'octroi de l'autorisation d'exploitation à toute compagnie aérienne du droit algérien. Le nouveau dispositif soumet également à l'approbation, par décret présidentiel, la convention de concession d'exploitation des services de transport aérien et le cahier des charges l'accompagnant au profit de toute compagnie aérienne de droit algérien détentrice d'une autorisation d'exploitation accordée par l'autorité chargée de l'aviation civile. Ces amendements ont pour vocation de permettre à notre pays de se prémunir contre des situations dommageables, vécues depuis l'ouverture du secteur de l'aviation civile.