En retirant ses soldats de la zone d'al-Guergarat, objet d'un différend avec le Maroc, le Front Polisario a coupé l'herbe sous les pieds de Rabat, qui s'attendait à avoir gain de cause au Conseil de sécurité, dont la résolution insiste particulièrement sur une reprise des pourparlers de paix. Les 15 pays membres du Conseil de sécurité ont adopté, vendredi soir, à l'unanimité une résolution de soutien à une reprise de négociations de paix entre le Maroc et le Front Polisario. Cette résolution onusienne vient mettre un terme à l'agitation de Rabat, qui voulait une résolution contraignante pour la partie sahraouie à cause de la tension prévalant dans la zone d'al-Guergarat. Prenant de court le makhzen, le Front Polisario a retiré ses troupes de cet endroit, y laissant la place à la Minurso. Ce retrait surprise a facilité la tâche aux membres du Conseil de sécurité, qui se sont limités à voter un texte reconduisant d'un an la mission de l'ONU au Sahara occidental, tout en apportant son soutien à une relance des négociations directes entre les deux parties en conflit. Adoptée après plusieurs jours de tractations intenses, la résolution du Conseil de sécurité souligne que la relance des négociations avec une nouvelle dynamique doit déboucher sur la reprise du processus politique pour parvenir à une solution politique qui soit mutuellement acceptable et qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la charte des Nations unies. L'organe exécutif de l'ONU a demandé aux deux parties en conflit de reprendre les négociations sous les auspices du secrétaire général sans conditions préalables et de bonne foi en tenant compte de l'action menée depuis 2006. Dans cette optique, le Secrétaire général des Nations unies est tenu de faire au moins deux exposés par an au Conseil de sécurité sur l'état d'avancement des négociations et des difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la Minurso. Insistant sur la nécessité d'avancer sur la voie d'une solution politique, le Conseil de sécurité a enjoint au secrétaire général de le tenir informé dans les 6 mois, à compter de la désignation du nouvel envoyé personnel, de l'avancement des négociations. Dans son intervention à l'issue du vote de la résolution, la représentante de la délégation américaine, Mme Michele Sison, a relevé que le report de l'adoption de ce texte a été essentiel pour permettre à l'ONU et à la Minurso de refermer le chapitre de l'année dernière au Sahara occidental, avant d'ajouter que le Conseil de sécurité doit porter son attention là où elle doit être, à savoir soutenir un règlement politique. Elle a également affirmé que la résolution fixe de nouvelles normes pour la Minurso, qui doit pouvoir recruter des personnels dotés de compétences adéquates. "Nous ne laissons pas divertir de notre objectif qui est de permettre au peuple du Sahara occidental d'organiser un référendum sur le statut futur de ce territoire", a-t-elle conclu. Revenant dans une déclaration à la presse sur le retrait du Front Polisario de la zone tampon d'al-Guergarat, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU a estimé que cette action devrait améliorer les perspectives de créer un environnement qui facilitera la mise en œuvre rapide de la relance, voulue par le secrétaire général, du processus de négociation, avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit qui reflètent les orientations et les résolutions du Conseil de sécurité, dans le but d'atteindre une solution politique mutuellement acceptable qui assurera l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Merzak Tigrine