"Ce n'est qu'en arrivant à l'aéroport qu'on a constaté cette grève. Pis encore, même ici, aucune information n'est diffusée", regrette Farid K., qui devait embarquer pour Londres. Les avions de la compagnie de transport aérienne Air Algérie ont été quasiment tous cloués au sol dans l'ensemble des aéroports du pays, durant toute la matinée d'hier , soit entre 5h et 13h30. La cause ? Le personnel de maintenance des avions de la compagnie avait mis à exécution son préavis de "grève illimitée" voté le 18 avril dernier en assemblée générale extraordinaire du Syndicat autonome des techniciens de la maintenance-avions (Sntma). Les employés grévistes, qui se recrutent dans le corps des mécaniciens et des ingénieurs de maintenance, au nombre de 780 au niveau national, ont exprimé une seule et unique revendication : la hiérarchisation de leurs salaires. Ils réclament un classement juste derrière le personnel navigant, plus précisément les pilotes, conformément, disent-ils, aux standards internationaux. Surprise par le débrayage et mise à rude épreuve, la direction générale de l'entreprise a fini par ouvrir des négociations avec le syndicat. Après plusieurs heures d'âpres négociations, les deux parties ont pu s'entendre sur "un engagement écrit" de la part de la direction d'Air Algérie d'ouvrir le dialogue autour de la revendication exprimée. Le syndicat estime qu'il y a une "injustice" salariale née de la révision de la grille des salaires des personnels d'Air Algérie. L'engagement de la compagnie à négocier avec le syndicat a été confirmé par la chargée de communication de la compagnie, Mounia Bertouche, contactée par téléphone, qui regrette les désagréments vécus par les clients et les partenaires d'Air Algérie. Notre interlocutrice a informé, au passage, que le P-DG de la compagnie, Bekhouche Alleche, présentera, à son tour, les excuses de la compagnie, à travers un discours enregistré à la télévision publique, dont la diffusion était prévue lors du JT de la soirée d'hier. Pour sa part, Ahmed Boutoumi, président du syndicat, contacté également par téléphone, dénonce en effet des "inégalités" salariales en "violation" même de la convention collective de la compagnie datant de 1999. "Dans tous les pays du monde, les techniciens et les ingénieurs sont, de par leur niveau, bac+3 en aéronautique, classés juste derrière les pilotes. Cela devait être le cas pour nous aussi. C'est un principe que nous avons introduit dans la convention collective de la compagnie datant de 1999. Sauf que cette logique hiérarchique n'est plus respectée depuis la dernière révision de la grille des salaires. Aujourd'hui, nous, techniciens et ingénieurs, sommes relégués en troisième position derrière les stewards et les hôtesses. Ce qui n'est pas normal. C'est une violation de la convention collective de l'entreprise élaborée conformément aux standards internationaux en la matière", explique le président du Sntma qui souhaite voir cette "injustice" réparée dans le cadre du dialogue dans le cadre d'une réunion ad hoc, composée des membres du syndicat et de la direction qui sera mise en place dans les tout prochains jours. Le débrayage d'hier a, faut-il le signaler, causé d'énormes retards, voire des annulations de vols de la compagnie dont le nombre prévu s'élevait à 29 vols internationaux et 39 vols domestiques. Selon le syndicat, "99%" des vols étaient annulés. Ce qui a provoqué des files interminables devant les guichets d'enregistrement et une situation de confusion générale notamment à l'aéroport international Houari-Boumediene d'Alger. Le manque d'information a davantage attisé la colère des centaines de voyageurs entassés dans l'enceinte de cet aéroport transformé, l'intervalle de la matinée d'hier, en une immense... salle d'attente. "Ce genre de situation pourrait arriver à n'importe quel moment et dans n'importe quel pays, certes, mais une compagnie qui se respecte devrait au minimum informer ses clients quelques jours à l'avance. Ce que n'avait pas fait Air Algérie pour nous. Ce n'est qu'arrivés à l'aéroport qu'on a constaté cette grève. Mieux, même ici, aucune information n'est diffusée. Du coup, nous ne savons plus comment réagir face cette situation intenable", regrette Farid K., la trentaine, en partance pour Londres et dont le vol prévu à 10h20 a été décalé jusqu'à 14h40, soit à la fin du débrayage du personnel de la maintenance. Même son de cloche chez Makhlouf venu de Bouzeguene (Tizi Ouzou) accueillir ses parents de retour de France dont le vol en provenance de Metz a été annulé, qui regrette également qu'aucune information ne soit diffusée à propos de cette grève. Autre défaillance, la compagnie n'avait, par ailleurs, pas prévu de remettre systématiquement à ses clients les "attestations de retard" qui leur offrent le droit, si le retard est de 4 heures et plus, de bénéficier d'une remise de 50% pour l'achat du prochain billet. Mais c'était compter sans l'éveil des passagers qui ont refusé d'embarquer sans ces fameuses attestations qu'ils ont fini par "arracher". Farid Abdeladim