L'association dirigée par cheikh Khaled Bentounès a demandé officiellement à l'ONU d'inscrire dans son agenda "la journée internationale du vivre-ensemble" comme une date marquant l'esprit de fraternité et d'acceptation entre les peuples. L'Aisa (Association internationale soufie alawiya) était de retour vendredi au siège de l'Unesco, à Paris. Elle y a tenu un workshop sur le vivre-ensemble, presque dans le même esprit que le colloque "Pour un islam de paix", organisé en septembre 2015. Cette fois cependant, l'organisation dirigée par Khaled Bentounès ne se contente pas de prêcher la bonne parole. Elle ambitionne, grâce à sa stature et à ses soutiens, de répandre le message de la tolérance très largement dans le monde, en misant sur le rôle de vulgarisation que l'ONU pourrait éventuellement endosser. Concrètement, l'Aisa milite pour la proclamation d'une "journée internationale du vivre-ensemble" (Jive), qui sera célébrée chaque année dans les quatre coins de la planète. "La journée internationale du vivre-ensemble est un projet d'avenir pour un monde à venir, dont l'objectif est de se rassembler sans se ressembler, de rassembler pour assembler", explique le président de l'Aisa. Personnalité respectée et reconnue, Khaled Bentounès a permis à son organisation d'avoir de l'influence et de la visibilité. L'ONU lui a d'ailleurs octroyé un statut consultatif spécial sur les questions de religion et de spiritualité. Aujourd'hui, le défi consiste, à travers une campagne de lobbying et de sensibilisation, à fédérer le plus grand nombre de partisans autour du projet de la Jive. Une pétition a été lancée à cet égard pour appuyer la déclaration de Paris, adoptée au terme du workshop de vendredi et qui sera adressée à l'institution onusienne. L'Aisa compte réunir 100 000 signatures d'ici le mois de juin. Parmi ses innombrables soutiens, Khaled Bentounès peut compter sur des personnalités de renom. Certaines sont algériennes comme Lakhdar Brahimi (ancien représentant spécial du SG de l'ONU) et Driss El-Djazaïri (ex-ambassadeur, directeur exécutif du Centre pour la promotion des droits de l'homme et du dialogue global de Genève). Présents au workshop, l'un et l'autre sont intervenus dans les débats autour de questions sensibles comme le terrorisme, la radicalisation, la sécurité, la diversité culturelle, l'inclusion sociale et économique, le développement durable ainsi que la mondialisation. De son côté, le président de l'Aisa a mis l'accent sur les actions de la Jive. Elles visent, entre autres, à promouvoir la concertation citoyenne autour des questions de vivre ensemble et de tolérance et à mobiliser les jeunes, en leur permettant de construire des ponts grâce aux réseaux sociaux. Le projet de l'Aisa a aussi une portée écologique et aspire à répandre les informations novatrices en matière de développement durable. L'organisation se donne en outre le rôle de défendre l'égalité des genres et de promouvoir la culture de la paix à travers la création d'une académie. Enfin le projet comporte une profonde dimension spirituelle qui s'articule autour de la nécessité de revisiter les textes religieux pour renouer avec la paix et se réconcilier.