Les festivités de la 70e édition du Festival de Cannes ont atteint leur vitesse de croisière. Les soirées, les projections et les rencontres se succèdent. Ces derniers jours, 2 films se sont imposés dans les esprits des festivaliers. Il s'agit de La belle et la meute signé par la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, et Le Redoutable du cinéaste français Michel Hazanavicius. Les deux films partagent l'idée de l'engagement dans la société à travers la pratique cinématographique. Le premier, aligné dans la section "Un certain regard", s'inspire librement de l'affaire de Meriam, Tunisienne violée par deux policiers en septembre 2012. Il retrace une nuitée passée par la jeune fille dans les dédales des locaux de la police tunisienne. Le sort de cette belle jeune fille face à la meute de policiers a suscité pitié, indignation et sympathie sur la Croisette. Les festivaliers ont également salué le courage, l'engagement et la perspicacité dont a fait preuve la jeune Tunisienne. Nonobstant, le film nous laisse une légère frustration. À vouloir trop coller au fait, on est restés plus dans le mental que dans l'émotion. Le deuxième est en compétition officielle. Après The Artist, le réalisateur français vient briguer une autre fois la prestigieuse Palme d'or avec le portrait de la figure de proue de la nouvelle vague, Jean-Luc Godard. Pour cela, il s'inspire librement du livre d'Anne Wiazemsky, qui a été son épouse pendant 4 ans. On y découvre un Godard contradictoire, drôle, créatif, révolutionnaire, excentrique et engagé aussi bien dans la société en participant aux marches de 68 que dans le monde du cinéma, étant donné qu'il fera partie des frondeurs qui ont lancé la Quinzaine des Réalisateurs en contestation à l'ambiance bourgeoise de Cannes. La projection du film a été précédée par une alerte sécuritaire. Un paquet suspect a été découvert juste avant l'ouverture des portes de la salle Debussy. Cela a retardé le lancement du film. Un événement qui colle bien avec le contenu du film qui a enthousiasmé la presse et les festivaliers au point de le donner d'ores et déjà comme l'heureux gagnant. Mais les dés ne sont pas complètement jetés. En attendant, la fièvre continue sur la Croisette. Cannes, Tahar HOUCHI