S'il y a un dossier sur lequel le nouveau Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, est très attendu, c'est bien celui-là. Vaste chantier s'il en est, devenu presqu'une rengaine reprise en chœur par tous les partenaires sociaux. S'il y a un dossier sur lequel le nouveau Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, est très attendu, c'est bien celui-là. Vaste chantier s'il en est, devenu presqu'une rengaine reprise en chœur par tous les partenaires sociaux. Les gouvernements successifs s'y sont engagés à maintes occasions. Il est indéniable que les autorités algériennes au plus haut niveau affichent une réelle volonté de faire de l'entreprise le véritable moteur de la croissance. Sauf que les actes qui vont avec sont encore attendus. Les intentions affichées et la volonté déclamée ne se traduisent pas, dans les faits, sur le terrain. Certes, le climat des affaires a connu quelques améliorations en 2015 et 2016. En effet, selon l'édition 2017 du rapport Doing Business de la Banque mondiale, l'Algérie se classe au 156e rang sur 190 pays, gagnant sept places par rapport à 2016. Les procédures de création d'entreprises ont été facilitées, à travers la suppression du capital minimal exigé pour le lancement d'une petite et moyenne entreprise, mais aussi la réduction du temps d'obtention d'un permis de construire, la plus grande transparence du prix de l'électricité, une réduction de la taxe sur l'activité professionnelle de 2% à 1% et une simplification du processus de conformité fiscale en réduisant le nombre de déclarations de revenus. Malgré ces efforts, le rang de 30e sur 47 pays africains dans le rapport Doing Business indique que des réformes plus audacieuses et plus soutenues restent à engager. Parmi les aspects à améliorer, celui de l'accès au foncier. La délégation du Forum des chefs d'entreprise, conduite par son président Ali Haddad quia sillonné une quarantaine de wilayas, le souligne avec une certaines gravité. Contrairement aux affirmations de l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines que "le foncier industriel n'est plus une entrave à l'investissement", l'allocation de l'offre foncière constitue toujours une très grande préoccupation pour les chefs d'entreprise. "De nombreux projets d'investissement n'ont pu être concrétisés en raison de l'indisponibilité d'assiettes foncières ou que leur concrétisation est retardée par les lenteurs pour la régularisation des concessions ou l'obtention de différentes autorisations", souligne-t-on. Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) a lancé en 2015, avec l'appui du Centre international de l'entreprise privée (Ciep), filiale de la Chambre de commerce américaine, une étude sur la préoccupation des opérateurs économiques algériens. Samy Boukaïla, membre du think tank Care, a évoqué, jeudi cette étude, sur Radio M. Les initiateurs de l'étude ont rencontré plus de 200 à 250 chefs d'entreprise sur plusieurs wilayas en leur posant quatre questions : "Quels sont les problèmes quotidiens auxquels votre entreprises est confrontée ? Qu'est-ce qui empêche le développement de votre entreprise ? Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez dans la création d'entreprise ? Quels sont les réformes indispensables à l'amélioration du climat des affaires ?" Samy Boukaïla a relevé un besoin d'agir sur cinq axes : le premier concerne la gouvernance et l'action de l'Etat ; le second porte sur la compétitivité des entreprises ; le troisième axe a trait aux financements de l'économie et de l'entreprise ; le quatrième axe concerne la fiscalité ; le cinquième porte sur le capital humain. Au-delà des ces deux initiatives, les chefs d'entreprise ont, à maintes reprises, pointé du doigt la bureaucratie qui freine la dynamique économique à cause des procédures qui n'ont pas lieu d'être. "La bureaucratie réalise la mort de toute action", disait Albert Einstein. En Algérie, la lourdeur de l'administration économique, ankylosée depuis des lustres, freine toutes les ardeurs en bloquant la naissance d'une nouvelle économie. Il y a aussi la difficulté d'accès aux crédits. La raréfaction relative et le renchérissement de la liquidité bancaire risque de rendre l'accès aux crédits encore plus problématique. L'offre bancaire est insuffisante qualitativement et quantitativement. Plus globalement, il faut faire confiance au privé, tout le privé, pour diversifier l'économie. Meziane Rabhi