Un Américain et une Française sont morts dans l'explosion d'une bombe lancée par un motocycliste sur un groupe de touristes dans le quartier de Khan Khalili. La capitale égyptienne a été secouée jeudi vers 17h45 locales (15h45 GMT) par la déflagration d'un engin explosif jeté par un homme enfourchant un motocycle sur un groupe de touristes étrangers. Le bilan officiel fait état de trois morts. Il s'agit d'un Américain et d'une Française, alors que la troisième victime serait égyptienne. Des témoins parlent cependant de la mort de deux citoyens égyptiens. À en croire une autre version, c'est un cyclomoteur piégé qui a explosé au passage de ce groupe de touristes. Cette thèse est accréditée par le porte-parole du gouvernement égyptien, Magdi Radi, qui a déclaré : “Selon les premiers constats, il s'agit d'une action individuelle, son auteur ayant utilisé un engin artisanal avec de la poudre et des clous.” L'explosion a eu lieu à une heure de grande affluence dans le vieux quartier du Caire, pas loin de la mosquée d'Al-Azhar et du célèbre marché de Khan Khalili, très prisé par les touristes occidentaux. Immédiatement après l'attentat, la zone était isolée du reste du quartier islamique et touristique par un cordon de policiers de la brigade antiémeute. Les commerces de la rue Gohar Al-Qaed, une longue artère commerçante parallèle au Bazar où a eu lieu l'explosion, avaient les rideaux baissés. Il y a lieu de signaler que cet acte de violence intervient alors que la confrérie des frères musulmans, très actifs en Egypte, connaît un net regain d'activité dans les différentes universités et mosquées égyptiennes contre un nouveau mandat présidentiel pour Hosni Moubarak. Réagissant rapidement, les Etats-Unis ont, par la voix de leur ambassade au Caire, recommandé aux ressortissants américains d'éviter les zones touristiques de la capitale égyptienne. “Bien qu'il n'existe pas d'information indépendante suggérant que l'attaque présumée ferait partie d'une action plus large, tous les résidents et visiteurs de l'Egypte doivent être spécialement vigilants et éviter les zones du Caire où se rassemblent les touristes”, souligne la représentation US en Egypte dans son communiqué. Ceci étant, il s'agit de la première attaque du genre visant des étrangers dans la capitale égyptienne depuis huit ans, faisant resurgir le spectre du terrorisme. Pour rappel, les deux derniers attentats au Caire remontent à avril 1996 et septembre 1997. L'attentat de jeudi pourrait avoir des retombées négatives sur l'économie égyptienne, basée en grande partie sur les revenus du tourisme. D'ailleurs, les visiteurs ont vite fait de déserter le quartier de Khan Khalili. Hier, peu avant la prière du vendredi, ses rues étaient désertes. L'impact de cet acte terroriste a été mis en relief par la presse cairote d'hier, qui a consacré ses ouvertures à l'événement. Reste à savoir maintenant s'il ne s'agit que d'un acte isolé ou d'une nouvelle flambée terroriste. Dans ce dernier cas, le plus grand bénéficiaire serait, selon les observateurs de la scène égyptienne, le régime de Hosni Moubarak. Il aura l'argument sécuritaire à faire valoir pour maintenir l'état d'urgence, dont la levée est exigée par l'opposition, et bloquera également l'ouverture démocratique à quelques mois des élections présidentielles prévues en septembre prochain. K. A.